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Une plate-forme pour fluidifier le prêt de main-d’œuvre territorial

Zoom | publié le : 19.01.2016 | Mariette Kammerer

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Une plate-forme pour fluidifier le prêt de main-d’œuvre territorial

Crédit photo Mariette Kammerer

Sur le territoire de Grand Paris Seine Ouest, les entreprises du secteur du numérique disposent d’une plate-forme Internet pour organiser entre elles du prêt de main-d’œuvre et des mobilités.

Recourir au prêt de main-d’œuvre ou organiser pour leurs salariés volontaires une mobilité externe sécurisée est désormais un jeu d’enfant pour les entreprises du secteur du numérique situées sur la communauté d’agglomération de Grand Paris Seine Ouest (GPSO). Il leur suffit de s’inscrire sur la plate-forme Internet Apitalent et d’y déposer CV ou offres d’emploi. « Nous avons créé cet outil de mise en relation pour aider les entreprises à être dans une logique d’anticipation économique et de gestion territoriale des emplois et des compétences, explique Patrick Pasquier, directeur du développement économique de GPSO. Il permet de faciliter le recrutement, de développer les liens entre grandes et petites entreprises, et de sécuriser les mobilités sur le bassin d’emplois. » L’usage de la plate-forme est réservé pour l’instant au secteur du numérique, qui représente 1 500 entreprises et touche 40 % des emplois du territoire.

L’interface a été créée par la start-up Apitalent sur une commande du pôle numérique de GPSO, en lien avec la Direccte et les DRH de huit entreprises associés à sa conception. Depuis son lancement en mars 2015, 60 entreprises s’y sont inscrites et y ont déposé plus de 100 offres d’emploi et 150 CV de salariés. Concrètement, comment s’effectue la mise en relation via la plate-forme ? L’inscription est gratuite, les entreprises nomment un référent mobilité et signent une charte de déontologie qui garantit le volontariat et l’accompagnement des salariés, l’anonymat en début de processus et le respect du cadre légal. La plate-forme permet d’organiser des mobilités temporaires par du prêt de main-d’œuvre à but non lucratif, encadré par la loi Cherpion (28 juillet 2011), ou des mobilités volontaires sécurisées, donc potentiellement définitives, encadrées par la loi sur la sécurisation de l’emploi (14 juin 2013). Dans le premier cas, le contrat de travail est maintenu à l’identique et le salarié rémunéré par son entreprise d’origine ; dans le second cas, le contrat de travail est suspendu pendant la période d’essai, mais le retour dans l’entreprise d’origine est garanti en cas d’échec.

L’outil intéresse à la fois des grands comptes – comme HP, Microsoft, Davidson – et des start-up. Leurs motivations sont diverses : « Occuper les salariés entre deux missions pour optimiser les coûts salariaux, leur faciliter l’accès à des missions extérieures pour mieux les fidéliser, ou encore savoir, grâce à cet outil de veille, si beaucoup de salariés aspirent à quitter l’entreprise, explique Julie Machillot, directrice d’Apitalent. C’est un outil supplémentaire de gestion des carrières. »

L’outil est également intéressant dans un contexte de réorganisation et de réduction d’effectifs, pour trouver des reclassements dans des PME du territoire. C’est le cas de HP, qui a vu tout l’intérêt de ce dispositif, l’a inscrit dans son accord de GPEC et a fait partie des premières entreprises à le tester. Avec succès, puisque grâce à Apitalent deux commerciaux de HP ont trouvé une mission de six mois, en prêt de main-d’œuvre, chez Michelin Travel Partner.

Cette filiale de Michelin spécialisée dans la conception de guides de voyage et de cartes numériques a d’emblée été séduite par le projet de la plate-forme, dans une optique de recrutement : « Nous avons des besoins en compétences rares, et cet outil permet l’accès à des candidats cachés, à des gens en poste prêts à bouger », explique Gwénaëlle Bizien, responsable RH et référente mobilité.

Anonymat des CV

Dans chaque entreprise, le référent mobilité a en charge le suivi de la plate-forme : il y publie des offres d’emploi, a accès aux candidatures venues de l’extérieur et aux CV déposés par les salariés de l’entreprise, dont il est le seul à connaître l’identité. « L’anonymat des CV déposés sur Apitalent est important pour éviter toute pression du management sur les candidats à la mobilité », indique Patrick Pasquier. Chez Michelin Travel Partner, après une importante communication interne sur ce nouvel outil, une trentaine de salariés se sont inscrits sur le site et un tiers y ont déposé leur CV, ce qui est plutôt positif, pour Gwénaëlle Bizien : « Cela ne nous inquiète pas, c’est bien que les gens soient proactifs par rapport à leur carrière. La plupart étaient déjà identifiés comme mobiles par leur gestionnaire de carrière. » Quand un CV est déposé, le référent mobilité peut en effet recevoir le candidat pour l’accompagner dans sa démarche, lui proposer un bilan, une formation, ou une mobilité interne correspondant à ses aspirations. « Cela peut être une occasion de dialoguer et, parfois, de retenir un collaborateur », ajoute Julie Machillot.

Quand un recruteur contacte un collaborateur via la plate-forme, le référent mobilité en est automatiquement informé par un système d’alerte. Il vérifie l’adéquation du profil recherché, l’absence de concurrence entre les deux entreprises puis, en accord avec le manager, valide la mobilité ou la refuse en motivant ce choix. Le manager n’est donc informé de l’identité du salarié candidat que lorsque ce dernier est sûr de partir. Ensuite, tous les documents à signer pour la contractualisation sont accessibles sur la plate-forme : « Le processus est simple, balisé sur le plan juridique, et il permet une traçabilité totale », estime Gwénaëlle Bizien. À la signature du contrat, le service devient payant, et une contribution fixée à 8 % du salaire mensuel de la personne en mobilité est alors facturée par Apitalent aux deux entreprises. « Cela reste moins cher qu’un CDD, qu’un intérimaire ou qu’un cabinet de recrutement », souligne Patrick Pasquier.

Depuis mars dernier, quatre mobilités ont été concrétisées, dont deux prêts de main-d’œuvre, une mobilité volontaire sécurisée et un partage de compétences entre deux TPE. « Il faut un peu de temps pour que cela prenne de l’ampleur, et un volume d’offres conséquent pour que les échanges puissent se faire », conclut Patrick Pasquier.

Ateliers entre entreprises

Le pôle numérique de GPSO, qui a largement communiqué sur cet outil auprès des branches professionnelles, des chambres consulaires et des IRP, continue à organiser des ateliers tous les deux mois avec les entreprises partenaires.

Auteur

  • Mariette Kammerer