L’ERREUR DES BRIGADES ROUGES, c’est d’avoir assassiné Aldo Moro. Toute l’horreur était du côté des criminels et la cause de l’assassinat assez obscure hors du marchandage de prisonniers. En revanche, la cause des brigades du rire, groupe de quelques amis d’enfance rassemblés par leurs idées politiques anticapitalistes est claire et nettement moins dramatique : il s’agit de ridiculiser le discours libéral en enlevant l’un de ses porte-voix, Pierre Rambut, éditorialiste d’un journal de droite. L’apôtre des cadences infernales, de la réduction des coûts du travail pour concurrencer la main-d’œuvre chinoise, de la diminution de la protection sociale et du régime minceur pour le droit du travail se voit assigner la tâche de percer, moyennant salaire, 600 pièces de duralumin par jour. Ses gardiens lui font remarquer qu’il a la chance d’avoir décroché un CDI quand tant de personnes voudraient tout simplement avoir un job. L’objectif des kidnappeurs est simplement de lui faire découvrir la réalité du travail, de la pénibilité physique aux détails de chaque ligne du bulletin de salaire, de telle sorte qu’il arrête de parler de ce qu’il ne connaît pas. Le retour à la vie ordinaire est à lui seul toute une histoire. Si l’idée directrice de l’ouvrage est évidemment rocambolesque et peu crédible, par contre, l’auteur signe là un plaidoyer tout à fait convaincant sur le fossé existant entre les travailleurs et ceux qui entendent les utiliser dans le sens de l’intérêt du capital. Cela prête à rire, mais c’est grinçant à souhait.