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Sur le terrain

Retour sur… La prévention des TMS de la branche de la propreté

Sur le terrain | publié le : 12.01.2016 | Violette Queuniet

Depuis 2010, la branche propreté déploie un programme de prévention des troubles musculo-squelettiques (TMS), première maladie professionnelle du secteur. Elle vient d’en tirer un premier bilan encourageant.

Si les troubles musculo-squelettiques représentent à eux seuls 87 % des maladies professionnelles en France, le taux grimpe à 98 % dans le secteur de la propreté. La profession, représentée par la Fédération des entreprises de la propreté (FEP), a donc décidé, il y a cinq ans, d’aider les entreprises du secteur à juguler ce risque majeur. Elle a confié au Fare Propreté (Fonds d’actions et de ressources pour les entreprises de propreté) le déploiement d’un programme de prévention des TMS dans les entreprises adhérentes.

Le gros morceau du programme était constitué par des formations-actions destinées à sensibiliser les différents acteurs de l’entreprise et à former des animateurs de prévention des TMS. À l’issue de la formation, chaque entreprise devait être capable d’élaborer un plan d’action.

110 000 salariés formés

Cinq ans après le démarrage du programme, le Fare vient d’en faire une première évaluation. Fin 2015, 353 entreprises ont achevé la formation, dont 111 agences de grands comptes, ce qui représente plus de 110 000 salariés, soit presque un collaborateur sur quatre (la branche compte 470 000 salariés) ; 98 % disposent maintenant d’un animateur de prévention des TMS (2 % seulement n’ont pas obtenu la certification associée à la formation et accréditée par l’INRS). Questionnées sur l’apport du dispositif, les entreprises le plébiscitent : 97 % des dirigeants le recommanderaient à d’autres chefs d’entreprise ; 90 % des animateurs de prévention estiment que la démarche a des effets positifs sur la prise en compte du risque TMS dans leur entreprise. Surtout, les plans d’action élaborés pendant la formation ont, dans 75 % des cas, apporté les résultats attendus, et 90 % des répondants poursuivent l’action de prévention des TMS dans l’entreprise, même sans formalisation d’un plan. « C’est la première fois que nous observons un tel engagement sur un dispositif que l’on a développé. Cela prouve qu’il répond bien aux besoins des entreprises, puisqu’elles l’intègrent dans leur quotidien », estime Betty Vadeboin, chef de projet prévention et santé au Fare.

Partenariat avec les clients

Dans le groupe Atalian (65 000 collaborateurs, dont 30 000 sur le pôle propreté), 20 agences (établissements en proximité avec le client) ont suivi ce programme, et chacune a maintenant son animateur de prévention des TMS. Elles ont toutes élaboré et mis en œuvre un plan d’action adapté aux risques identifiés sur les sites d’intervention. « Dès lors que l’on touche l’organisation et les méthodes, on ne peut rien faire sans un vrai partenariat avec le client. Nous sommes allés, sur certains sites, jusqu’à modifier des infrastructures, de manière à ce que les gestes soient moins difficiles », indique Tayeb Beldjoudi, directeur QHSE (qualité, hygiène, sécurité, environnement). Dans ces agences, la baisse du nombre d’accidents est estimée de 15 % à 20 %, que le directeur QHSE se refuse à attribuer uniquement à la formation : « Mais cela y a contribué, notamment dans la prise en considération d’une analyse plus systématique des postes de travail, de l’ergonomie et de l’environnement de travail. » Aujourd’hui, le groupe s’apprête à déployer le plan d’action sur tout le pôle propreté en formant les directeurs d’agence, les chargés de clientèle et les commerciaux qui pourront ainsi intégrer le risque TMS dans les appels.

Fiches de poste

À Eficium, entreprise de taille plus modeste (700 salariés), ce sont le directeur et une inspectrice – devenue animatrice de prévention des TMS – qui ont suivi la formation. Des fiches de poste ont été élaborées en fonction des situations de travail.

L’entreprise intervient plutôt en prévention secondaire, lorsque le médecin du travail détecte chez un agent une inaptitude partielle lors de la visite médicale. « Son poste est adapté ou il change de site, pour que son inaptitude ne se transforme pas en maladie professionnelle », indique Jean-François Renault, président d’Eficium.

Par ailleurs, il envisage avec l’ensemble de la profession – il est lui-même administrateur de la FEP Ile-de-France – de lancer un chantier pour élaborer des outils de travail mieux adaptés à la morphologie des salariés, par exemple des aspirateurs qui ne nécessitent pas de se baisser.

Aujourd’hui, le Fare prévoit d’accompagner les entreprises dans l’élaboration d’une stratégie plus globale de santé et de sécurité au travail : « Avec la démarche TMS, elles ont atteint un degré de maturité qui permet de passer à l’étape supérieure, estime Betty Vadeboin. Nous leur apporterons une méthodologie et des compétences pour intégrer la prévention des risques dans tous les processus de l’entreprise. »

Sensibiliser très en amont

La FEP a édité deux guides* destinés à sensibiliser les concepteurs de bâtiments (architectes, aménageurs) et les donneurs d’ordre à la prévention des TMS.

Prévoir un local pour entreposer son matériel et éviter des manutentions inutiles, rapprocher les points d’eau, installer des revêtements moins difficiles à nettoyer : autant de préconisations peu coûteuses mais efficaces pour prévenir les TMS, suggérées dans le guide Concepteurs Bâtiments. Outre les préconisations techniques, le guide Donneurs d’ordre (préfacé par l’ancien directeur général du travail, Jean-Denis Combrexelle) recommande de bien organiser le travail et de valoriser la fonction propreté. Des éléments reconnus pour prévenir le stress, facteur d’apparition des TMS.

* Disponibles en format pdf sur le site www.fare.asso.fr

Auteur

  • Violette Queuniet