Quand Caroline Guillotin a pris ses fonctions de DRH du groupe de bijouterie Gemafi il y a trois ans, un vaste chantier l’attendait, notamment dans la principale filiale de vente et de réparation de bijoux, Maty, qui emploie plus de 500 salariés à Besançon : « Dans cette entreprise familiale implantée dans la région depuis soixante ans, la gestion du personnel était restée figée dans les années 1980, se souvient-elle. La fonction de DRH groupe n’existait pas et la moitié des nouvelles recrues quittaient l’entreprise dans les six mois, voire moins sur certains postes en tension. » Il fallait revoir d’urgence les processus de recrutement, dans le but d’attirer et de fidéliser les collaborateurs.

La première difficulté à contourner était la localisation à Besançon, parfois dissuasive pour les candidats venus d’ailleurs : « Bien qu’étant seulement à deux heures de TGV de Paris, les gens ont un peu l’impression de s’exiler en Sibérie, constate la DRH avec humour. Pour les attirer, il fallait donc travailler sur notre marque employeur, mettre en avant les possibilités de promotion interne et miser sur des collaborateurs qui adhèrent aux valeurs et à la culture de l’entreprise. »

La DRH a, en parallèle, redéfini les profils ciblés : au lieu de former des apprentis pendant deux ans pour les voir partir en Suisse vers un meilleur salaire, elle s’est tournée vers des candidats plus âgés, « des personnes en reconversion, attachées à la région et formées par le Greta ou l’Afpa ». De même pour les directeurs de magasin, dont la moitié a changé au cours des trois dernières années : « Plutôt que des bijoutiers de métier – le profil dominant auparavant –, nous avons privilégié des profils de managers, motivés, qui connaissent le business et la relation client, quitte à les former sur la partie bijouterie », explique-t-elle.

Pour que la greffe prenne, Caroline Guillotin a soigné la phase d’intégration, qui s’étend sur trois mois. Elle commence par une journée de découverte de l’entreprise pour tous les nouveaux salariés. Organisée une fois par mois, elle réunit quatre à six nouveaux collaborateurs, y compris les CDD de six mois et les directeurs de magasins situés dans d’autres villes. Objectif ? « Leur permettre de s’imprégner de l’ambiance, découvrir les codes de cette entreprise à forte identité, et voir si cela leur convient », explique la DRH.

La matinée est consacrée à la découverte de la marque, son histoire, ses valeurs, et à une visite guidée de deux heures. « Maty faisant partie du patrimoine local, nous avons des hôtesses habituées à animer ces visites guidées pour des groupes extérieurs », indique la DRH. L’après-midi, les collaborateurs se rendent par deux dans divers services – comptabilité, informatique, achats… – et interrogent des collègues pour répondre à un quiz et gagner leur “bracelet d’intégration” : « Cela leur permet d’avoir une vision transverse, de discuter avec des collègues de tous les métiers, et de briser la glace. »

Par la suite, chaque collaborateur passe du temps dans les services avec lesquels il sera amené à travailler en interaction. Tous les managers suivent vingt jours de formation, dont une partie est consacrée au suivi individuel des nouveaux salariés. Enfin, après deux mois passés dans l’entreprise, chaque collaborateur est reçu en entretien avec les RH pour faire le point.

« Nous sommes fiers de nos recrutements de profils atypiques, car aucun d’eux n’est parti depuis, se félicite Caroline Guillotin. Quant au parcours d’intégration, nous avons eu de tels retours positifs que nous avons ajouté cette journée découverte au cursus de formation de nos vendeurs plus anciens, qui n’avaient pas eu l’occasion d’y participer. »