C’est à une sérieuse remise en question de ses pratiques managériales que se livre l’Assistance publique-hôpitaux de Paris, suite au suicide d’un cardiologue, Jean-Louis Megnien, qui s’est défenestré du 7e étage de l’hôpital européen Georges Pompidou le 17 décembre. Ce geste ne surprend pas à l’AP-HP : depuis 2013, Jean-Louis Megnien était au cœur d’un conflit lié à la succession d’une chefferie de service. La justice a ouvert une enquête préliminaire à la suite de la plainte pour harcèlement moral déposée par sa veuve.
En interne, dès le lendemain du drame, une commission d’analyse des suicides a été mandatée par le directeur général Martin Hirsch. Puis il a missionné une commission d’enquête constituée de trois personnes extérieures à l’AP-HP, dont l’ancien directeur général de la santé Didier Houssin.
De premières leçons sont déjà tirées à travers un plan d’action décidé par le directoire réuni le 4 janvier autour de Martin Hirsch. « Trop de situations de conflits interpersonnels s’enveniment à l’hôpital et nuisent durablement à la qualité des soins et à la qualité de vie au travail », regrette le directoire. En matière de prévention, il s’engage à « mieux prendre en compte les compétences managériales avant d’investir des praticiens de responsabilités ». La durée du mandat d’un chef de service sera limitée. Le directoire veut aussi « renforcer la médecine du travail » et « repenser la fonction ressources humaines pour les médecins ». Il s’engage à mettre en place « un dispositif d’identification des situations à risque dans chaque groupe hospitalier ». Il veut aussi doter l’AP-HP « d’un vivier de personnes susceptibles d’intervenir en mission d’audit » et, si nécessaire, « faire appel à une médiation externe ». Enfin seront rédigées des « chartes permettant de partager les règles du mieux travailler ensemble ».
