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3 questions à… Isabel Martins et Jean-Marie Boutin

Acteurs | publié le : 15.12.2015 | Éric Delon

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3 questions à… Isabel Martins et Jean-Marie Boutin

Crédit photo Éric Delon

La responsable diversité et capital humain à la DRH d’Accenture, et le directeur des relations institutionnelles et responsable du programme “Inclusion et diversité LGBT” du cabinet dressent le bilan de leur signature de la Charte LGBT. Lancée en janvier 2013 par l’association l’Autre Cercle, elle a été signée depuis par plus de 40 entreprises.

Comment faites-vous vivre concrètement la Charte LGBT au sein de votre groupe ?

Nous sommes fiers d’avoir été la première entreprise signataire. Depuis plus de quinze ans, nous nous sommes investis dans la gestion de la diversité et de l’inclusion, dans la lutte contre les discriminations et sur la question LGBT. Les études sur le sujet démontrent qu’un grand nombre de collaborateurs homosexuels vivent leur sexualité dans la honte, au travail. Ils n’osent pas s’exprimer, en parler. Bref, ils vivent « dans le placard ». Notre investissement, dans ce domaine, vise à briser ce tabou et à favoriser l’épanouissement professionnel des collaborateurs LGBT. Au sein d’Accenture, nous avons décliné cette charte selon trois axes : les talents, la pédagogie et les clients.

Les talents ?

Depuis plusieurs années, nous communiquons régulièrement sur notre politique LGBT lors de forums avec les écoles et les universités. Chaque année, nous recrutons entre 1 000 et 1 200 collaborateurs, dont un grand nombre de jeunes diplômés. Dans nos écoles cibles, nous intervenons pour délivrer un message positif vis-à-vis des LGBT, qui représentent entre 6 % et 10 % de la population, selon toutes les études disponibles sur le sujet. Nous leur expliquons que, s’ils intègrent notre entreprise, ils ne seront ni blâmés ni discriminés du fait de leur orientation sexuelle. Pour retenir ces talents, nous avons mis en place un réseau LGBT au sein d’Accenture – “Accent sur LGBT” –, qui organise des événements ainsi que des dîners avec les directeurs exécutifs du groupe afin de présenter la problématique LGBT. Ce réseau doit apporter une valeur ajoutée au groupe, mais ne doit pas exister en parallèle.

Par ailleurs, depuis 2012, nous avons lancé une “global allies initiative”. Les “allies” sont les alliés, les collaborateurs hétérosexuels soutenant la politique LGBT au sein de l’entreprise ; 250 collaborateurs – sur 6 000 – ont déjà signé. La présence de ces alliés peut être réconfortante pour un jeune gay arrivant dans l’entreprise.

Quelle est la dimension pédagogique de votre politique LGBT ?

Nous avons réalisé un kit pratique “management et diversité LGBT” avec la collaboration de l’association l’Autre Cercle. Lors de quatre ateliers de deux heures, 20 managers appartenant à chacune des entités du groupe ont listé les situations de management dans lesquelles les problématiques LGBT pouvaient se poser. Ce kit – que nous allons distribuer à grande échelle dans le groupe début 2016 – explique tout d’abord en quoi la question LGBT est bel et bien un sujet d’entreprise. Puis de nombreux cas pratiques sont exposés : un coming out, une situation d’outing – sans l’autorisation de l’intéressé –, un entretien d’embauche, une expatriation, un changement d’identité de genre… Enfin, la troisième partie rappelle la législation en la matière. Par ailleurs, des formations, sous forme de jeux de rôle, seront dispensées prochainement. Notons que la charte a permis une collaboration avec d’autres entreprises signataires. Nous avons par exemple noué récemment des contacts très intéressants à BNP Paribas, qui vient de la signer.

Auteur

  • Éric Delon