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Canada : Radio-Canada face au harcèlement sexuel

Sur le terrain | International | publié le : 08.12.2015 | Ludovic Hirtzmann

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Canada : Radio-Canada face au harcèlement sexuel

Crédit photo Ludovic Hirtzmann

À la suite d’un immense scandale de harcèlement sexuel concernant son pendant anglophone, la chaîne de radio et de télévision publique Radio-Canada forme ses cadres à lutter contre les harceleurs. Mais la politique mise en place manque encore de transparence.

En 2014 débute un immense scandale de harcèlement sexuel à la CBC, la Canadian Broadcasting Corporation, pendant anglophone de Radio-Canada. Accusé de harcèlement sexuel par des collègues et de violences sexuelles par ses ex-femmes, Jian Ghomeshi, animateur vedette d’une émission de la radio publique CBC, a déclenché une tempête médiatique. Couvert dans un premier temps par de hauts dirigeants toujours en poste, il a ensuite été licencié par la CBC.

L’affaire Ghomeshi, qui sera jugée en février prochain, est devenue le déclencheur de la lutte contre le harcèlement. Si Radio-Canada dispose d’une politique de prévention depuis des années dans ce domaine, c’est à la suite de cette affaire que l’entreprise s’est dotée en avril dernier d’un plan d’action en coopération avec les syndicats de la société d’État. “Radio-Can”, comme les Québécois appellent la chaîne, a pris plusieurs mesures : création d’une ligne téléphonique d’écoute confidentielle pour signaler les harceleurs, sondages sur le bien-être psychologique, renforcement du code de conduite contre le harcèlement. Surtout, les managers de l’entreprise et tous les salariés du service RH doivent suivre une formation sur Internet spécifique contre le harcèlement.

Des connaissances de base

« Cette formation est obligatoire pour tous nos salariés gérant des subordonnés, indique Monique Marcotte, directrice générale des RH nationales et rémunération globale de CBC et Radio-Canada. Elle a un objectif de prévention ; elle leur donne une connaissance de base de concepts comme le harcèlement, la discrimination et le respect au travail. » Difficile d’en savoir plus néanmoins : « C’est tout ce que nous avons à dire sur le sujet », tranche Alexandra Fortier, porte-parole de l’entreprise de 10 000 employés.

« L’ambiance de travail est exécrable à Radio-Can en termes de relations humaines, mais aussi à cause de coupes budgétaires importantes ces dernières années, et ce même si nos salaires sont excellents », confie un cadre de l’entreprise avant d’ajouter : « La formation sur Internet dure deux heures et elle est assez terne, en ce sens qu’il n’y a pas d’intervenant humain. Cette mesure de lutte contre le harcèlement est positive mais il est clair que, sans nous encourager officiellement à la délation, on nous demande de surveiller nos employés et de signaler toute attitude déplacée. » La directrice des RH de CBC et de Radio-Canada assure pour sa part que la société publique reçoit très peu de plaintes concernant le harcèlement. Mais l’entreprise refuse de donner des chiffres.

À Radio-Can, le harcèlement conduit à des suspensions, des mutations, voire au renvoi, mais aussi à de « la sensibilisation et à la formation des diverses parties concernées », précise Monique Marcotte.

Lorsque l’affaire Ghomeshi a été médiatisée, le thème du harcèlement, pourtant déjà très combattu dans le pays, est devenu une affaire d’État. Des députées, puis de simples Canadiennes, ont dit avoir été agressées par leurs collègues.

L’an dernier, des étudiantes de l’Université du Québec à Montréal ont placardé des dizaines d’affichettes noires sur les portes des bureaux de trois professeurs qu’elles soupçonnaient de harcèlement sexuel. Sans preuves. Les trois hommes visés ont été cloués au pilori sur les réseaux sociaux. « Près de la moitié des étudiantes en Ontario ont déclaré avoir été victimes de harcèlement sexuel », assure un rapport sur les droits des femmes, publié par le Centre canadien de politiques alternatives. La notion de harcèlement sexuel donne ici lieu à des interprétations sans doute plus extensives qu’en Europe. Ainsi, le mot “mademoiselle”, pouvant être perçu comme une forme de harcèlement, n’est-il presque jamais employé par les Québécois.

« Le harcèlement sexuel reste sous-évalué, confie néanmoins un avocat montréalais spécialiste des droits de la personne. Parce que la police ne prend pas les plaintes au sérieux et que les procédures juridiques sont trop lourdes. »

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Auteur

  • Ludovic Hirtzmann