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L’enquête

Les Opca, “tiers de confiance” ?

L’enquête | publié le : 01.12.2015 | V. G.-M., L. G.

Le 1er janvier 2017, les Opca devront être en mesure d’assumer un contrôle qualité des formations qu’ils financent. Les initiatives se développent, mais une logique collective nationale et partagée sera certainement nécessaire.

Où en êtes-vous sur le dossier de la qualité ? Attendez-vous les travaux du Cnefop (conseil national, de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelles) ou développez-vous votre propre outil/logique ? À ces questions, les directions d’Opca interrogées font les mêmes réponses. Mais présentent des degrés d’avancement divers.

Actalians a adressé un questionnaire aux 15 000 organismes de formation dont l’Opca a eu à financer au moins une formation. « C’est une demande de renseignement en ligne, explique la directrice Nadine Guet. Un déclaratif sur la base des différents points du décret. On est là dans une logique de conformité, ou pas, aux principes fixés par la loi. » Mais d’ores et déjà sont prévus des contrôles approfondis sur dossier et sur sites effectués par 4 à 5 agents de l’Opca.

Parallèlement, toutes les formations d’une durée minimum (deux ou quatre jours, ce n’est pas tranché) feront l’objet d’une enquête en ligne auprès des stagiaires à chaud. « Les Opca rêvaient de surveiller précisément les engagements financiers, assure Nadine Guet. Il faut donc le faire, mais le faire intelligemment et en informer les prestataires et les entreprises. Il faut se mettre d’accord entre Opca, organiser une concertation via le FPSPP pour dissiper les craintes et les manipulations, et éviter que le système ne soit entravé. Franchement, tout le monde a à y gagner, y compris les prestataires. »

Concrètement, les Opca vont articuler les travaux du Cnefop avec leurs pratiques existantes, notamment pour référencer des organismes de formation qui ne disposeraient pas des labels et certifications figurant sur cette liste, mais qui pour autant pourraient attester de la qualité des formations dispensées. Élisabeth Browaëys, directrice du Fafih, Bruno Lucas, directeur général d’Opcalim (industrie alimentaire, coopération agricole et alimentation en détail), David Mazurelle, directeur de Constructys (BTP), et Joël Ruiz, directeur d’Agefos PME, sont sur la même ligne.

Labels qualité

« La liste des certifications et labels qualité en cours d’élaboration par le Cnefop, qui sera disponible au printemps prochain dans sa première version, sera pour nous un outil important de sélection des formations de qualité, précise Bruno Lucas. Mais nous allons également élaborer des procédures internes d’évaluation, en fonction des demandes de nos branches pour les organismes de formation qui ne seront pas titulaires d’une certification ou d’un label qualité. » D’ici au 1er janvier 2017, il estime avoir le temps pour réfléchir à un catalogue de prestataires suffisamment lisible pour ses adhérents.

Dans cette logique, Agefos PME ajoute qu’elle va continuer à accompagner les organismes de formation qui le souhaitent vers la certification, avec son projet Act’OF ; et qu’elle reverra, d’ici peu, ses processus d’achat direct de formation auprès de 5 000 organismes de formation. Et ce « dans un double souci d’harmonisation des pratiques pour garantir une égalité de traitement des organismes sur le territoire, et de mise en conformité au regard du décret qualité », prévient Joël Ruiz.

De son côté, l’Afdas a créé en mai dernier un groupe de travail réunissant entreprises, consultants et experts, afin de construire une grille d’analyse et un référentiel de preuves qui prennent bien en compte l’ensemble des intérêts des parties prenantes d’une action de formation, avant, pendant et après celle-ci. Dans cette logique de convergence des uns et des autres, l’ingénierie de certification des compétences acquises et les modalités de réinvestissement dans un poste de travail ont été particulièrement questionnées.

Question sensible : quel degré de coercition donner aux indicateurs retenus ? Doivent-ils être une barrière d’accès au financement, en fonction d’un degré de satisfaction aux critères ? Ou seulement un outil d’aide à la décision d’achat de formation, de prescription ou de référencement, selon les prérogatives de l’acteur décisionnaire (l’entreprise, l’individu ou l’Opca/Opacif) ?

« Le groupe a plutôt penché pour la deuxième solution, précise le directeur de l’Opca, Thierry Teboul. La question de la qualité ne doit pas empêcher la compétition sur un marché où les modalités et les formats évoluent très vite. En revanche, avoir un « tiers de confiance » comme l’Opca, qui valide et publie un niveau de qualité attendu, constitue un plus évident. Que ce soit sur les versements légaux, sur le conventionnel à la demande des partenaires sociaux, ou sur le volontaire dans une logique de services rendus par l’Opca ».

Opca 3 + : l’intérêt d’un pilotage commun

« Ce chantier de la qualité est vaste et la visibilité est réduite, commente Christophe Brisset, directeur d’Opca 3 +, qui partage lui aussi l’avis d’un nécessaire pilotage commun de la question. Opca 3 + finance des formations réalisées par 25 000 prestataires, dont 5 000 à 10 000 sont récurrents. Assurer le contrôle ou le suivi est plus simple sur les formations “cœur de métiers” que sur celles dites “transverses”. Face à cette complexité, il faut un chef de fil, une démarche collective, une définition commune de la qualité, une définition commune aussi de ce qu’on appelle contrôle et/ou suivi. C’est un process très lourd, qui s’inscrit dans la durée, et qui pose des questions de moyens. »

Auteur

  • V. G.-M., L. G.