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Sur le terrain

Conditions de travail : Opération “vis ma vie d’ouvrier” pour le patron de Gibaud

Sur le terrain | Pratiques | publié le : 24.11.2015 | Mariette Kammerer

Alerté par un problème de turnover, le patron de la société Gibaud a décidé d’occuper un poste d’ouvrier pendant une journée. Se sont ensuivis des mesures de revalorisation et de fidélisation, ainsi qu’un projet d’étendre le “vis ma vie” aux chefs de service.

La société Gibaud, 360 salariés, spécialisée dans la fabrication de textile médical (ceintures lombaires, bas de contention, colliers cervicaux), a dû faire face à un phénomène sans précédent : quatre intérimaires formés pendant six mois au poste de visiteur dans l’atelier tricotage – c’est-à-dire contrôleur de la qualité – ont refusé les CDD et CDI qui leur étaient proposés.

« Habituellement, nous avions plutôt des pressions de la part des élus pour embaucher les intérimaires », souligne Frédéric Baudouin, directeur général.

Interpellé par la situation, il décide de faire lui-même “le job” afin de comprendre les raisons de ce refus. En octobre, sur le site de Trévoux, dans l’Ain, il occupe le poste de 6 heures du matin à 13 heures, en doublure avec des ouvriers. Il ramasse les productions sur les métiers à tricoter pour vérifier la qualité et lister les défauts, les rassemble en paquets, remplit une semi-remorque de palettes et réapprovisionne l’atelier en bobines de fil.

Une meilleure compréhension

« J’ai découvert que ces tâches nécessitaient une technicité, une dextérité, une rigueur et une organisation que je ne soupçonnais pas, confie le directeur général, et, au regard du faible niveau de rémunération accordé pour ce travail exigeant, j’ai mieux compris le problème de turnover. »

Après débriefing avec le DRH – à qui il avait préféré ne pas confier cet exercice délicat du “vis ma vie” – trois mesures sont prises pour réduire le turnover à ce poste, qui concerne une douzaine de personnes dans l’entreprise. D’abord, une meilleure sélection des intérimaires, qui seront désormais choisis en fonction de leur souhait d’être embauchés à terme. « Or, ce n’est pas toujours le cas, remarque Frédéric Baudoin. Certains choisissent l’intérim pour le meilleur salaire, d’autres pour recharger leurs droits au chômage. »

Salaire majoré

Ensuite, pour compenser cet écart de salaire par rapport à l’intérim, Gibaud leur proposera de toucher une avance sur l’intéressement qu’ils devraient percevoir au bout d’un an d’ancienneté – soit deux mois de salaire supplémentaires. Enfin, le salaire sera revalorisé : « Nous allons créer une grille de qualification pour ce poste, le salaire de débutant sera majoré de 10 % ou 15 % à l’issue des six mois de formation. »

Par ailleurs, le directeur ayant trouvé cette expérience de “vis ma vie” très enrichissante, il souhaite la faire vivre en 2016 à tous les chefs de service, soit une dizaine de personnes. Par exemple, la responsable tricot et la responsable confection, dont les tâches se suivent dans la chaîne de production, échangeront leur poste durant une journée. Objectif ? « Avoir des managers qui comprennent mieux les mécanismes de l’entreprise et qui connaissent les contraintes de leurs collègues en amont et en aval, pour éviter que chacun se renvoie la responsabilité en cas de problème, explique Frédéric Baudouin. Cela contribue à un meilleur vivre ensemble et à de meilleurs résultats. »

Auteur

  • Mariette Kammerer