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Allemagne : VW Salzgitter joue l’ergonomie

Sur le terrain | International | publié le : 24.11.2015 | Marion Leo

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Allemagne : VW Salzgitter joue l’ergonomie

Crédit photo Marion Leo

Face au vieillissement du personnel, le comité d’entreprise de l’usine de moteurs de VW à Salzgitter a convaincu sa direction de développer une chaîne de montage entièrement ergonomique. Aujourd’hui, deux tiers des salariés sur cette chaîne ont plus de 50 ans ou présentent un handicap.

Pendant un moment, Andreas Blechner, président du comité d’entreprise de l’usine de moteurs de Volkswagen à Salzgitter, qui emploie 7 500 personnes, a pu oublier le scandale retentissant des diesels truqués chez VW et l’inquiétude des salariés pour leur emploi. Le 29 octobre, il a reçu avec ses collègues une distinction prestigieuse, le Prix allemand des CE 2015, décerné par la maison d’édition Bund. Le CE de VW a été récompensé pour son engagement en faveur du développement d’une ligne de montage adaptée à l’âge. « C’est une distinction qui récompense un travail d’équipe », se réjouit Andreas Blechner, soulignant que la nouvelle chaîne, qui produit des moteurs pour les bus VW, était « unique en son genre ».

Certes, VW prend déjà des mesures pour rendre ses postes de travail plus ergonomiques, mais il s’agit de solutions isolées. « C’est la première fois qu’une chaîne complète est conçue de la manière la plus ergonomique possible dès la phase de planification », précise l’homme à la tête du CE depuis vingt ans.

Données personnelles

Sur les chaînes de montage traditionnelles, explique-t-il, les moteurs se déplacent toujours à la même hauteur. Pour visser les composants, les ouvriers doivent, selon leur taille, s’étirer vers le haut ou se pencher vers le bas, avec des problèmes de dos et d’articulation à la clé. Désormais, ils disposent d’une puce contenant leurs données personnelles (leur taille notamment) qu’ils insèrent dans l’ordinateur gérant leur poste de travail. La structure portant le moteur s’abaisse ou remonte alors automatiquement. Elle peut également effectuer une rotation partielle ou totale. « Ce n’est plus l’homme qui s’adapte à la machine mais la machine à l’homme », souligne Andreas Blechner.

Groupe de travail

Ces innovations sont le fruit d’un long travail de persuasion mené par le CE, autrefois signataire d’un accord prévoyant que les salariés de plus de 50 ans ne soient plus affectés à la production. À l’époque, l’usine ne comptait que 18 personnes de cet âge. Aujourd’hui, elles sont 1 700. « L’âge moyen des salariés s’élève à présent à 45 ans et nous avons 800 salariés qui présentent un handicap. C’est pourquoi nous avons besoin de postes qui permettent aux plus âgés de continuer à travailler tout en restant en bonne santé », explique Andreas Blechner. Pendant dix ans, il a martelé ce message : « Nous avons démontré à la direction, qui procédait régulièrement à des améliorations ergonomiques des postes de travail, que le processus était plus coûteux que de planifier dès le départ une nouvelle ligne entièrement ergonomique. » La direction donne enfin son feu vert. Un groupe de travail réunissant des collègues concernés, le CE, les RH, la planification, la production, le département santé et deux ergonomes est constitué. Durant deux ans et demi, il va se réunir une fois par semaine et concevoir une nouvelle chaîne, inaugurée en mai 2015. Aujourd’hui, deux équipes de 60 personnes y travaillent en alternance. Un tiers des salariés ont plus de 50 ans, un tiers présentent un handicap et un tiers sont des jeunes. Ce modèle d’« équipe mixte » va être expérimenté pendant un an.

Selon le représentant des salariés, le travail accompli a été aussi facilité par le modèle de codétermination très étendu en vigueur chez VW. Certes, la nouvelle ligne a engendré un surcoût de 6 millions d’euros par rapport au développement d’une chaîne conventionnelle qui coûte entre 20 et 30 millions. Mais l’alternative aurait été une hausse de l’absentéisme pour maladie. « Les collègues sont très satisfaits, même si leur travail demeure monotone et difficile », poursuit le président du CE, qui espère voir les sept autres lignes de l’usine transformées. Mais il ne se fait pas d’illusions : la crise actuelle chez VW va avoir des répercussions sur tous les sites. « Notre objectif aujourd’hui est de lutter pour le maintien des emplois. »

Dans les médias

Allgemeine Zeitung Un temps de travail pour la famille

Jusqu’à présent l’idée de la ministre de la Famille, Manuela Schwesig (SPD), d’introduire un nouveau « temps de travail pour la famille » sous forme d’une semaine de 32 heures subventionnée par l’État a été rejetée par la chancelière Angela Merkel. Mais, dans la perspective des élections législatives fédérales de 2017, la ministre défend son projet avec force et détermination. (…) Les parents actifs aspirent à une répartition équitable entre travail et famille. (…) S’ils pouvaient réduire leur temps de travail entre 28 et 32 heures par semaine, ils en profiteraient tous deux. 12 novembre. Frankfurter Allgemeine Zeitung, quotidien national, 264 000 exemplaires.

Die Welt Retraite flexible

Le gouvernement fédéral a mis sur les rails une réforme qui a été – inhabituellement – saluée par les entreprises. La CDU et le SPD sont convenus d’introduire une “retraite flexible “(flexi-rente) destinée à inciter les travailleurs âgés à travailler plus longtemps. « Certes, la flexi-rente ne supprime pas l’introduction malheureuse de la retraite à 63 ans mais elle en atténue un peu les conséquences », a déclaré Lutz Goebels, président de la Fédération des entreprises familiales. 16 novembre. Die Welt, quotidien national, 192 000 exemplaires.

Auteur

  • Marion Leo