De quoi demain sera fait
Même en temps de chômage – avec un taux avoisinant depuis trente ans les 10 % en France –, il suffisait jusqu’ici d’être diplômé du supérieur pour trouver un emploi. Certes souvent en deçà de ses ambitions, mais du travail tout de même. Il faut s’attendre demain à voir les choses changer du tout au tout. Les professions les mieux établies – médecins, journalistes, avocats… – verront une grande partie de leur travail rogné par les machines intelligentes que la robotique prépare. La fin du salariat est peut-être, quant à elle, déjà dans les tuyaux : il ne correspond plus exactement aux besoins, dans les entreprises, de salariés mercenaires, flexibles et jetables, ni non plus au désir des jeunes générations, qui aspirent à la liberté, à la créativité, au nomadisme, supportant mal l’autorité de petits chefs.
Mais ces changements cachent encore plus radicalement une vague de fond de nos modes de vie, dont plus aucune partie n’échappera peut-être à la logique marchande et à ses intrusions : collectes de données à notre insu, invasion de produits connectés, savoir personnel devenu presque inutile, toutes les informations étant désormais accessibles en quelques clics sur la toile…
Les auteurs, journalistes au Monde et aux Échos, interrogent notre environnement économique et social pour tenter de déchiffrer ce qui s’annonce d’un hypercapitalisme ou, au contraire, d’un post-capitalisme si les thuriféraires de l’économie du partage parviennent à nous convaincre de “siphonner” l’économie officielle.