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L’enquête

Des pistes pour accompagner les mobilités des agents de l’État

L’enquête | publié le : 10.11.2015 | É. S.

Afin d’éviter aux agents des directions régionales de l’État d’effectuer une mobilité non souhaitée, la future région expérimentera le travail en sites distants. Et des réflexions sont en cours pour développer les passerelles entre les administrations.

Des postes “modifiés substantiellement” ou déplacés entre Dijon et Besançon, des postes en doublon supprimés, mais aussi éventuellement créés : tels sont les changements qu’entraînera la nouvelle organisation territoriale des services de l’État dans la future Bourgogne-Franche-Comté.

Comme dans les autres régions fusionnées, c’est en effet un schéma en “bisites fonctionnels” qui a été retenu : le siège des directions régionales sera réparti entre les deux capitales actuelles, mais des services spécialisés seront maintenus dans l’autre ville.

En cours de finalisation, le “micro-organigramme” cible devra être déployé entre 2016 et 2018. Postes de direction exceptés, « le principe est de n’imposer aucune mobilité géographique », rappelle Julien Sauvayre, directeur de la plate-forme régionale d’appui RH de Franche-Comté. Ceux qui refuseront de suivre leur poste devront donc faire une mobilité fonctionnelle… mais pas forcément. Car la région va expérimenter, dès l’année prochaine et pendant trois ans, le travail en sites distants.

Concrètement, les agents dont le service est déplacé pourront continuer à travailler depuis les sites actuels. Cette “mobilité virtuelle” devra toutefois faire l’objet d’une attention spécifique. Un point régulier sera réalisé avec l’agent. Les services devront déterminer la fréquence des réunions physiques. « Si les modalités du travail à distance écartent un peu le risque d’isolement – l’agent garde son environnement de travail –, il faudra aussi être attentif à la notion de seuil critique d’effectif du service, en dessous duquel il n’est pas possible de maintenir le travail en sites distants », prévoit Julien Sauvayre.

Repenser les référentiels managériaux

Surtout, le travail en sites distants implique, outre une adaptation des outils techniques comme la visioconférence, une évolution forte des modes de management. Mamadou Guèye, chef de département au sein du SGMAP(1), qui a participé à la réflexion, explique : « Comment gérer ses équipes à distance, organiser le partage des priorités, la coproduction et le suivi des dossiers ? Quels temps forts se donne-t-on pour se voir ? Le travail en sites distants permet d’innover en repensant les méthodes de travail et les référentiels managériaux associés, pour assurer une présence autre que physique. » En cours d’élaboration, le plan de formation d’accompagnement de la réforme intègre d’ailleurs « un volet sur le management à distance », précise Julien Sauvayre.

Du côté syndical, le travail en sites distants est plutôt bien perçu, même si Dominique Vaurs, secrétaire de la fédération des fonctionnaires FO du Doubs, y voit aussi une façon de « faire avaler la pilule » de la réforme territoriale : « Il reste des points en suspens, notamment sur les services et les postes qui seront éligibles ou non. »

Des savoirs à préserver

De fait, certaines fonctions (de maintenance ou de direction, celles en contact avec le public, etc.) ne pourront s’exercer à distance. En parallèle, il s’agit donc de trouver les bons outils pour « promouvoir, développer, faciliter la mobilité entre les services », reprend Julien Sauvayre. Et pas seulement à l’intérieur du même ministère. Ainsi, en Franche-Comté, un collège des employeurs publics, présidé par le préfet et réunissant les services de l’État, le conseil régional, le CNFPT ou encore le CHU de Besançon, a été mis sur pied au début 2015. Il planche sur une bourse à l’emploi commune et sur le recensement des besoins en recrutements. « Avec les départs à la retraite, les effectifs des services de l’État en Bourgogne et Franche-Comté vont diminuer d’ici à 2018, indique Mamadou Guèye. Les travaux et réflexions engagés s’attachent à identifier les compétences qui risquent de disparaître, les compétences rares qu’il faut préserver, les nouveaux métiers dont les administrations auront besoin. La réforme conduit à réfléchir à une GPEEC(2) interministérielle à l’échelle de la grande région. »

Ambitieux. Car, pour l’heure, pointe Dominique Vaurs, « la mobilité interministérielle n’est pas une réalité ». Les administrations ont trois ans pour inverser la tendance.

(1) Sécrétariat général pour la modernisation de l’action publique.

(2) Gestion prévisionnelle des emplois, des effectifs et des compétences.

REPÈRES

Effectif dans les services régionaux de l’État (y compris rectorat et ARS)

3 000 agents.

Population

2,8 millions d’habitants.

Auteur

  • É. S.