logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

La chronique

Meryem Le Saget conseil en entreprise

La chronique | publié le : 03.11.2015 |

Image

Meryem Le Saget conseil en entreprise

Crédit photo

Apprendre toujours mieux

Nul besoin d’être visionnaire pour savoir qu’il va nous falloir apprendre en permanence. Aujourd’hui, le moyen le plus rapide pour développer de nouvelles compétences est la pratique, la mise en situation. Mais vivre une expérience sans prendre de recul, sans en tirer des enseignements pour s’améliorer ne sert pas à grand-chose. Il faut donc apprendre à apprendre.

Le développement des compétences ressemble à un escalier que l’on gravit étage par étage. Au premier niveau, l’incompétence inconsciente : on est encore naïf, on ne voit pas où est le problème. Par exemple, un vendeur laisse attendre deux ou trois clients dans le magasin sans même leur signaler qu’il les a vus parce qu’il sert un autre client. Ou votre interlocuteur vous dit « Vas-y, je t’écoute » et reste plongé dans ses mails. Ces deux personnes n’ont pas conscience que leur comportement traduit une certaine incompétence, relationnelle en tout cas ! Elles se croient professionnelles et efficaces. Il faut de la lucidité sur les conséquences ou les limites de ses actes pour comprendre que l’on pourrait agir autrement.

Deuxième palier : l’incompétence consciente. La personne a progressé, elle est consciente qu’il lui manque un savoir-faire. Par exemple, ce manager qui évolue pour la première fois en milieu international et réalise que ses habitudes de travail ne sont pas transposables à toutes les cultures. Ou l’expert habitué au succès, qui prend un nouveau poste et constate que l’équipe qu’il rejoint possède aussi beaucoup d’expertise. Il va devoir quitter sa posture de supériorité et composer avec eux. Ces personnes prennent conscience qu’il existe un écart entre la compétence qu’elles croyaient avoir et celle que la situation demande, et elles se mettent en mouvement pour apprendre.

Troisième palier : la compétence consciente. Tout va mieux, cette fois, on a acquis de l’expérience, on connaît ses forces. D’ailleurs, on recueille régulièrement des signes qui renforcent cette confiance : feedbacks positifs, projets qui marchent, satisfaction des clients… Sans en faire un plat, on sait que l’on possède telle ou telle compétence. Mais, pour être vivant, un savoir-faire a besoin d’être entretenu (un savoir-être aussi !). Donc on ne tombe pas dans le piège de l’autosatisfaction – grand risque à cette étape –, on continue d’apprendre, de se remettre en question, d’évoluer.

Enfin, en haut de l’escalier : la compétence inconsciente. En progressant encore, l’aisance devient telle qu’on en oublie le savoir-faire qui se cache derrière. La compétence est entièrement intégrée, elle paraît naturelle. Qu’il s’agisse de marketing, de gestion de projet, de piano ou d’attention à l’autre, la personne très compétente ne vous assomme pas de son expertise ; elle a le geste juste, pose les bonnes questions, voit le détail important, prend sa place sans envahir. Bien sûr, à ce degré de maîtrise, l’art paraît naturel, comme s’il s’agissait d’un don personnel. En sport, les très grands champions vous diront cependant qu’il y a beaucoup de travail derrière, et que ce haut niveau ne peut se maintenir qu’avec de la lucidité, de l’humilité, de l’entraînement et le souci de progresser en permanence.