« Les gens entrent chez nous non pour trouver un salaire mais parce qu’ils ont une très haute estime de leur profession, explique Luc Legardeur, le fondateur et président de Xebia. Ce sont des craftsmen(1), des compagnons qui se sentent investis de la mission du travail bien fait. » Xebia a été désignée cinquième Great Place to Work en 2014 dans la catégorie des PME de moins de 500 salariés ; 100 % de ses salariés se sont déclarés fiers d’y travailler, 99 % estimant que leurs idées sont prises en compte dans la stratégie de l’entreprise.

Pour faire travailler et fidéliser 120 jeunes « Xebians » (d’une moyenne d’âge de 32 ans) aux compétences ultra-pointues, le management diffère radicalement de celui d’une SSII classique : une hiérarchie très plate, une organisation bottom up avec des décisions « éclairées par un consensus fort », des salariés regroupés non par business unit mais par compétences (mobile, cloud, data…). Une journée par mois, le XKE (Xebia Knowledge Exchange) réunit les développeurs et les coachs pour des retours d’expérience et des présentations mutuelles de nouvelles technologies. « 5 % du chiffre d’affaires est mis de côté pour déstaffer [sortir de chez le client, NDLR] tous les consultants. C’est un investissement pour qu’on reste au top et qu’on apporte une vraie expertise à nos clients ! », se félicite Laurène Vol-Monnot, une consultante âgée de 27 ans. Elle a été la première à expérimenter la dernière invention de Xebia : échanger pour une journée son rôle avec celui d’un membre de la direction, dans le cadre d’un “Vis ma vie” filmé. En fait, elle a accompagné Luc Legardeur pour comprendre son quotidien de président. Il occupera lui aussi un autre poste très bientôt.

« Cette aventure ludique a été proposée aux consultants pour leur permettre d’expérimenter les autres métiers au sein de l’entreprise. Cela leur a permis d’appréhender les responsabilités, contraintes, tâches et prérogatives de chaque fonction – souvent ignorées ou incomprises – et de partager largement, sans censure, les leçons apprises pour mieux vivre ensemble », explique le mini-site dédié(2), qui présente plusieurs films de deux minutes. Outre le président, les directrices marketing, recrutement et commercial, le directeur du studio, le directeur technique, le directeur d’exploitation, la DAF et un manager ont joué le jeu.

« Les consultants ont l’impression qu’on est dans une tour d’ivoire au siège, qu’on ne fait rien, plaisante Laetitia Janné, 36 ans, la responsable du recrutement. Au développeur qui m’a accompagnée, j’ai montré comment je chasse, le sourcing, la qualif téléphonique, une signature de contrat, un déjeuner RH… Il a découvert la difficulté à sourcer des profils. » Une expérience qui aide à mieux comprendre les autres. « Jamais je n’aurais pu imaginer qu’il faille assurer autant de tâches », s’étonne de son côté un jeune consultant, qui s’est mis dans la peau de la DAF.

La Web série sera montrée lors du séminaire annuel où toute l’équipe se retrouvera, à Djerba, en Tunisie. Elle servira aussi à mettre en valeur l’entreprise pour ses recrutements futurs et peut-être à y améliorer la parité : la mini-série compte six femmes pour douze hommes alors que 90 % des consultants sont de sexe masculin…