Le changement climatique paraît un enjeu extérieur aux entreprises travaillant hors du secteur énergétique. Il s’agit d’une externalité négative que la société civile et certains États leur demandent de contenir, comme il est demandé aux particuliers de faire des efforts pour restreindre leurs émissions polluantes. Bref, la préservation du climat semble affaire de normes environnementales. Deux des auteurs, qui ont travaillé au sein de multinationales, et la troisième, directrice du programme entreprise et développement de l’institut Essec Irené, expliquent que les enjeux climatiques sont aussi un enjeu interne à toute entreprise. En fait, leur démonstration remet en cause la frontière théorique entre l’intérieur et l’extérieur. Si de larges progrès peuvent être faits au plan des entreprises en faveur du climat, c’est par la promotion d’une conception de l’entreprise en tant que corps social redevable de ce que la société lui permet, et comptable de ce qu’elle lui doit en retour. Il s’agit de vivre ensemble à l’intérieur comme à l’extérieur des organisations. Dès lors que l’on adopte ce point de vue, les enjeux climatiques sont aussi, pour les auteurs, une question de management et de stratégie : limiter les déplacements, les inégalités et la pauvreté, grandes pourvoyeuses de pollution, s’intéresser aux usages des produits, mettre l’accent sur le local, favoriser en interne une culture de la frugalité et un leadership éthique, etc. Vaste programme, pourtant à la portée de tous.