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LA SEMAINE

Sylvain Niel Président du Cercle des DRH, avocat associé chez Fidal

LA SEMAINE | L’interview | publié le : 13.10.2015 | Emmanuel Franck

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Sylvain Niel Président du Cercle des DRH, avocat associé chez Fidal

Crédit photo Emmanuel Franck

« 76 % des DRH pensent qu’il est possible de faire des syndicats des business partners »

Le Cercle des DRH, association regroupant une soixantaine de DRH de grands groupes, vient de publier un sondage auprès de ses adhérents sur ce qu’ils attendent des syndicats. Qu’en est-il ?

Dans le contexte du rapport Combrexelle visant à renforcer la négociation collective, il nous a semblé intéressant de savoir comment les DRH voient leurs relations avec les syndicats. Il ressort que 86 % d’entre eux estiment désormais que les relations sociales sont un facteur de compétitivité et que 76 % pensent qu’il est possible de faire des syndicats des business partners. Mais seuls 43 % déclarent avoir déjà négocié un accord qui a permis à l’entreprise d’être plus compétitive : un PSE, un accord de mobilité, d’annualisation, d’intéressement, d’égalité, de télétravail, de GPEC… citent-ils. Cet écart laisse à penser qu’il y a un gisement de performances pour les entreprises. Ce qu’il manque, maintenant, c’est une étude d’impact des accords, afin de démontrer ce qu’ils apportent sur le plan économique, social et financier.

Il est étonnant de voir que les DRH ne veulent pas qu’on touche au contrat de travail.

Autant ils s’estiment capables de négocier des accords d’application de la loi (86 %), autant il ne veulent pas que l’accord collectif prime sur le contrat de travail (52 %). Car ils voient ce que coûtent les refus de salariés de se voir appliquer un accord. Chez Smart, 56 % des salariés ont accepté d’augmenter leur temps de travail ; 44 % ont donc refusé. Quelle serait la crédibilité d’un accord ? Et par ailleurs, quelle doit être la conséquence en cas de refus ? Ma conviction est que cela doit entraîner une démission. Si l’on décide de confier à l’accord majoritaire le pouvoir de légiférer, comme le prône le rapport Combrexelle, il faut qu’il s’impose à tous.

Contrairement à ce que certains pourraient penser, les DRH ne veulent pas valider les accords par référendum des salariés.

Ce mode de conclusion d’un accord est en effet classé dernier : 24 % des DRH l’approuvent ; 38 % pensent que, pour réussir un accord, il faut négocier avec le comité d’entreprise, et 52 % avec les délégués syndicaux. Je pense qu’il faut y voir un respect pour les corps institués : les DRH négocient depuis des décennies avec les délégués. Peut-être faudrait-il qu’ils évoluent. Car, au bout de la logique qui renforce les accords, il y a la démocratie directe. Il est en outre paradoxal que les DRH veuillent voir les syndicats évoluer vers des business partners tout en restant, eux-mêmes, dans une posture traditionnelle. D’autant que les délégués syndicaux, qui ne sont pas élus, manquent de légitimité.

Auteur

  • Emmanuel Franck