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L’enquête

Recrutement : L’Alsace et l’Auvergne s’organisent pour séduire les candidats

L’enquête | publié le : 06.10.2015 | Christian Robischon, É. S.

Le déficit d’attractivité de certaines régions pèse sur la capacité des entreprises locales à recruter. En Alsace et en Auvergne, des initiatives visent à redorer l’image des territoires pour inciter les candidats à venir s’y installer.

Une unité de recherche du CNRS qui ne se crée pas faute d’avoir trouvé son directeur, une entreprise de distribution qui essuie un zéro pointé dans son recrutement malgré… 700 profils détectés par son chasseur de têtes : l’Alsace cumule, bien trop à son goût, les exemples de difficultés à attirer les cadres venant d’autres régions. La faute à la crainte de faibles perspectives d’évolution sur place et d’obstacles pour le conjoint à trouver un emploi, ainsi qu’à une méconnaissance de la qualité de vie, ont conclu de façon concordante depuis quelques années une étude de l’Apec et le sondage de nombreuses entreprises de la région effectué par les pouvoirs publics.

Une plate-forme web d’informations

Alors, depuis un an, ces acteurs engagent la riposte sous la forme d’une initiative collective baptisée “Carrière Alsace” composée d’un double volet. D’une part, un club d’une soixantaine de DRH et RRH, qui échangent leurs expériences de façon informelle. « Le fonctionnement en réseau reste le meilleur moyen de faciliter l’intégration de collaborateurs, notamment lorsqu’ils viennent de l’extérieur : on se transmet les CV, on échange des informations pour faciliter leur installation et l’emploi du conjoint. Le fait de les centraliser dans un outil régional apporte un plus », estime Sandrine Scheer, DRH d’Adidas France, membre du club.

D’autre part, une plate-forme Web d’informations, alsace.com, devrait être mise en service d’ici à la fin de l’année. « Elle ne se substitue ni aux cabinets de recrutement ni aux services RH des entreprises ni aux agences de relocation. C’est un outil complètement orienté vers ses “clients” : les candidats à un poste en Alsace et les entreprises d’accueil », explique Monique Jung, chargée du projet à l’agence de développement économique du Bas-Rhin, qui pilote l’initiative en y associant son homologue haut-rhinois le Cahr, l’Agence d’attractivité régionale, l’Apec et les agglomérations de Strasbourg et Mulhouse.

Sur ce site Internet, une rubrique “pour votre carrière” détaillera la richesse et la vitalité du tissu économique, « pour bien prouver qu’on n’arrive pas dans un désert qui ne laisserait aucune possibilité de rebond, d’évolution, ou de placement pour le conjoint », appuie Monique Jung. Un deuxième chapitre réunira toutes les informations utiles sur la vie pratique, par exemple pour la scolarisation des enfants. Un autre présentera des informations générales sur le marché de l’immobilier (prix moyens, statistiques…). Enfin, un “espace emploi” proposera aux entreprises de déposer leurs offres et de constituer une CV thèque, base de travail pour les recruteurs. La plate-forme se déploie au-delà des cadres : les échanges au sein du club ont montré que le déficit d’attractivité s’étend aussi à des postes de techniciens et, plus généralement, à des “compétences clés”.

“New Deal Auvergne”

C’est sur ces emplois difficiles à pourvoir que se concentre également l’action phare proposée par l’Agence des territoires d’Auvergne. Depuis trois ans, le “New Deal Auvergne” offre aux nouveaux venus la prise en charge de trois mois de loyer, plafonnée à 500 euros par mois. « Cette aide est ciblée sur les emplois en tension, soit parce qu’il s’agit de profils rares, soit parce qu’ils sont localisés en zone rurale », précise Gérard Lombardi, responsable marketing territorial et emploi.

Au-delà, les échanges avec les entreprises implantées dans la région ont permis de mettre en route d’autres initiatives. Comme ce “Welcome pack”, dossier d’informations sur le territoire conçu à la demande de Michelin, « qui avait besoin de promouvoir la région dans les écoles ». Ou encore ces ateliers de rédaction d’offres d’emploi intégrant la dimension territoriale : « Il s’agit de donner une visibilité au candidat sur l’environnement dans lequel il pourrait vivre, les équipements sportifs ou culturels à proximité, la qualité de vie, etc. C’est beaucoup plus concret qu’un nom de localité », poursuit Gérard Lombardi.

Mais l’agence aide aussi les entreprises dans leurs démarches de mobilité interne. Récemment, elle a joué les tours opérateurs pour 90 salariés d’Eramet, dont l’emploi est en cours de délocalisation à Clermont-Ferrand : « Nous avons organisé des visites de la ville et des environs pour les familles, qui ont été sensibles au fait que le territoire s’intéresse à eux. » Plus de 60 salariés du groupe de métallurgie auraient accepté la mobilité. L’aide au logement a quant à elle accompagné, en trois ans, l’installation de 386 personnes, représentant environ 200 postes pourvus.

Auteur

  • Christian Robischon, É. S.