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L’enquête

MAIF : L’assureur met son réseau en mouvement

L’enquête | publié le : 06.10.2015 | É. S.

En trois ans, la Maif a réorganisé son réseau et conduit plus de 600 mobilités géographiques. Un package financier généreux et une certaine souplesse dans l’accompagnement expliquent ce résultat.

Réorganiser l’ensemble de son réseau en s’appuyant sur la mobilité géographique des salariés ? À la Maif, le pari démarré en 2012 est en passe d’être remporté. « Nous avions basé notre projet sur le volontariat, en demandant aux salariés de choisir entre une mobilité fonctionnelle et une mobilité géographique, rappelle le DRH Olivier Ruthardt. Sur 800 à 900 personnes potentiellement concernées par un changement de lieu, 650 l’auront accepté d’ici à la fin de l’année. C’est un franc succès. »

Pour cela, la Maif a mobilisé plusieurs leviers. Financier, d’abord. Car l’entreprise a mis les moyens pour convaincre les salariés, en inscrivant une indemnité forfaitaire dans un accord sur les mesures d’accompagnement signé avec la CFDT, l’Unsa et la CFE-CGC. Elle démarre à 32 000 euros pour un célibataire et monte jusqu’à 53 000 euros pour les familles avec cinq enfants. « Nous avons en fait prévu un dispositif à la carte, précise le DRH. Les salariés pouvaient choisir le forfait ou l’équivalent en termes de services – aide à la recherche ou à la revente du logement, à la recherche d’emploi du conjoint, etc. La quasi-totalité a choisi le forfait, mais le fait de donner le choix aux salariés leur a permis d’enclencher la dynamique et d’être acteurs de la démarche. »

Souhaits d’installation

En outre, la Maif a joué la carte de la souplesse. Ainsi, le dispositif prévu pour trois ans a été allongé d’un an, jusqu’en mars 2016. L’organisation cible a été ajustée en fonction des souhaits d’installation des collaborateurs : « Nous avons renforcé les effectifs là où nous avions répertorié le plus de demandes, poursuit Olivier Ruthardt. Nous avons constaté un héliotropisme très important, c’est pourquoi nous avons ouvert les premières entités dans des villes du Sud de la France, notamment Bordeaux ». Dans l’ordre, Atlantique, Languedoc, puis, à égalité, Bretagne et Rhône-Alpes ont recueilli les suffrages des salariés mobiles en provenance, majoritairement, de la région parisienne. La moyenne d’âge des salariés étant de 39 ans et 5 mois.

Autre ingrédient de la “recette” Maif, selon le DRH, la confiance : « Nous avons veillé à favoriser l’intégration culturelle par des voyages de découverte de la région, et à expliquer le sens du projet en organisant des réunions sur place, des périodes d’immersion… ll fallait que les salariés puissent savoir où et avec qui ils allaient travailler. D’ailleurs, beaucoup de mobilités se sont déclenchées une fois que nous avons nommé les managers. » Enfin, il souligne le rôle des représentants du personnel (RP) : « Faire un accord permet de se référer à un texte, d’intégrer les RP dans le suivi, de mettre sur la table et de lever les problèmes potentiels. »

Frédéric Duflos, secrétaire de la CFDT Maif, confirme ce bilan, mais insiste sur le fait que, malgré le volontariat garanti par l’accord, le choix des salariés était tout de même contraint : « Pour rester sur place, il fallait changer de métier, passer par exemple de la gestion de sinistres au commercial, ce qui était pour beaucoup inenvisageable. La décision de déménager n’a pas toujours été simple, mais, quand elle a été prise, les choses se sont bien déroulées. Les salariés devaient indiquer trois choix de mobilité et, à 80 %, ils ont obtenu la filière qu’ils souhaitaient. Pour certains, cette mobilité a été l’opportunité d’évoluer. »

Comités de carrière

Pour Olivier Ruthardt, l’enjeu est désormais de transformer l’essai, de « garder le pli de cette dynamique collective pour enclencher une mécanique individuelle de gestion des carrières ». D’ores et déjà, les comités d’affectation régionaux ont été transformés en comités de carrière, la personne chargée d’accompagner les mobilités de la nouvelle organisation a été nommée responsable de la gestion de carrière… « Nous avons aussi développé une politique de détachement, pour permettre aux salariés de découvrir d’autres métiers. Cette expérience a montré qu’il était nécessaire d’être agile, d’évoluer. Je voudrais que ceux qui ont bougé donnent envie à d’autres, ou qu’ils aient envie de recommencer. C’est le challenge des années à venir », conclut-il.

Repères

Activité

Assurance.

Effectif

7 000 salariés.

Chiffre d’affaires en 2014

3,278 milliards d’euros.

Auteur

  • É. S.