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L’enquête

ARKEMA France : Un accompagnement personnalisé pour sauvegarder l’emploi

L’enquête | publié le : 06.10.2015 | Nicolas Lagrange

Pour réaliser 38 mobilités géographiques sur 72 reclassements, le groupe de chimie a aidé, au-delà des mesures incitatives, ses collaborateurs concernés par le PSE à construire leurs projets personnels.

Le 11 septembre 2013, Arkema a annoncé la fermeture du site de Chauny, dans l’Aisne. À la clé, 72 suppressions de postes. Le groupe s’est engagé à reclasser tout le monde, mais le coup a été très dur pour les salariés, dans une région économiquement sinistrée. D’autant que le site le plus proche du chimiste se situe à 80 kilomètres.

« Les IRP ont été d’accord pour faire intervenir le cabinet Sodie avant la fin des procédures, afin de travailler de manière anticipée sur l’information des salariés et l’accompagnement au reclassement, raconte Marc Béranger, RRH du site. Rapidement, plusieurs salariés sont venus nous voir pour envisager une mobilité interne. »

De nombreuses Aides financières

Le groupe déploie une batterie d’aides financières (prime de déménagement, prime de mobilité de 10 000 euros, prime de réinstallation versée sur trois ans en fonction du coût de la vie de la région d’accueil) et facilite la vente des logements (diagnostics immobiliers, estimation, mise en agence). Car le marché de l’emploi local, déprimé, complique la recherche d’un acquéreur pour les salariés propriétaires. « Autant de mesures d’un bon niveau », reconnaît Jacky Leporini, coordinateur CFE-CGC du groupe.

Des mesures nécessaires, mais pas décisives : « Le plus important était d’aider les salariés à se projeter, assure en effet Marc Béranger. Ce qui supposait de regagner rapidement leur confiance, ébranlée par le PSE. Avec la consultante de Sodie, installée à plein-temps dans un bureau voisin, nous avons reçu les collaborateurs et leurs conjoints à de nombreuses reprises pour évoquer leurs contraintes personnelles en cas de mobilité géographique : travail du conjoint, éloignement de la famille et des amis, scolarité des enfants… » Un suivi individuel (dans un cadre collectif) qui a fait mûrir les projets. « Certains étaient tentés de suivre leurs collègues sur le site Arkema de Pau – huit mobilités au total –, à 800 kilomètres de Chauny, relate le RRH. Ils n’avaient pas réalisé qu’ils ne pourraient plus continuer à voir leurs parents et leur famille proche une à deux fois par mois. Ils ont finalement opté pour Serquigny, dans l’Eure, à trois heures d’autoroute. »

Fort d’une centaine de postes à pourvoir en son sein et dans ses filiales, le chimiste demande aux salariés de prioriser leurs préférences géographiques, au lieu de se positionner sur les emplois vacants. Dès lors, le groupe leur propose un poste assorti d’une augmentation salariale, finance une visite en famille de la région d’accueil pendant cinq jours, l’accompagnement du conjoint dans la recherche d’un emploi et la recherche d’un logement via l’organisme collecteur du 1 %. Tout en individualisant l’accompagnement.

« Je n’excluais pas de travailler dans une autre entreprise, j’ai donc passé plusieurs entretiens en externe, témoigne Frédéric Adriaenssens, 36 ans, ex-agent de maîtrise à Chauny. Mais Arkema m’a proposé de devenir responsable de fabrication à Serquigny, avec une équipe de 70 salariés et un statut cadre. » Il échange alors la prime de réinstallation contre le remboursement de son nouveau loyer et d’une partie de ses allers-retours hebdomadaires, pour rejoindre le week-end sa compagne restée à Chauny. « Nous avons mûrement réfléchi avant d’arrêter cette décision en espérant, à terme, habiter tous les deux à Serquigny, explique l’intéressé. Un an après, je n’ai pas de regret. »

Bilans d’étape

Dans chaque entité d’accueil, les nouveaux venus (agents de production pour la plupart) ont suivi une formation de plusieurs mois, rendue nécessaire par la technicité des postes. Avec deux bilans d’étape, à 6 et 12 mois, avec les RH de sites. « Les efforts de reclassement ont été importants et les intégrations, un an et demi après, sont satisfaisantes », juge Jacky Leporini. « Un résultat facilité par un message clair du Pdg en direction de toutes les sociétés du groupe pour qu’elles favorisent le reclassement des salariés de Chauny et par le gel des embauches externes durant le PSE », relève Marc Béranger. Au final, 38 salariés ont choisi une mobilité géographique, 33 salariés ont retrouvé du travail autour de Chauny, et il reste une solution à trouver pour un salarié, alors que le démantèlement de l’usine vient de s’achever.

Repères

Activité

Chimie de spécialités.

Effectif France

3 600 collaborateurs.

Chiffre d’affaires en 2014

7,5 milliards d’euros.

Auteur

  • Nicolas Lagrange