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Du côté de la recherche

Chronique | publié le : 06.10.2015 | Denis Monneuse

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Du côté de la recherche

Crédit photo Denis Monneuse

Vive la déco au boulot !

Longtemps, comme d’autres, je me suis moqué de mes collègues qui décorent leur bureau avec des bibelots ou des photos de leur chien. Cela me semblait ridicule : au mieux, kitsch ; au pire, “beauf”.

Une étude de Kris Byron et Gregory Laurence – respectivement chercheurs à l’université de Syracuse et à celle du Michigan – relative à ces petits objets apportés au bureau m’a toutefois fait évoluer(1) : personnaliser son espace de travail de la sorte n’est pas si ringard et peut même s’avérer utile.

Ces deux chercheurs notent tout d’abord la diversité des éléments de déco possibles (diplôme encadré, photo de famille, trophée sportif, statuettes, peluches, livres, dessins…) avant d’affirmer que ces petits objets personnels sont tout sauf anodins.

Environ un tiers d’entre eux sont disposés de façon à n’être visibles que de leur propriétaire. Dans ce cas, ces éléments de personnalisation servent avant tout à se souvenir de son identité plurielle. Il peut s’agir de garder en tête ses aspirations, de s’évader le temps d’un instant grâce à une photo de vacances, de se remémorer un succès sportif pour se redonner le moral, de jeter un œil à la photo de ses enfants pour relativiser l’importance d’une difficulté rencontrée au travail, etc.

Cependant, dans la majorité des cas, la personnalisation est affichée : au lieu de n’être destinée qu’à soi, elle s’expose ostensiblement à la vue de tous les passants. Kris Byron et Gregory Laurence repèrent alors plusieurs rôles à cette décoration visible.

Premièrement, elle sert à marquer son territoire. C’est notamment le cas pour ceux qui travaillent en open space ou dans des espaces de travail où les bureaux sont censés être interchangeables.

Deuxièmement, elle sert à communiquer sur son rôle et son statut. C’est le cas d’un diplôme ou bien de cadeaux reçus en guise de remerciement de la part de clients.

Troisièmement, elle met en avant une identité partagée. Un manager peut par exemple afficher des dessins humoristiques pour montrer qu’il a le sens de l’humour et qu’il est cool, afin de briser une apparence austère ou la distance qui pourrait s’instaurer avec ses collaborateurs du fait de sa position hiérarchique.

Enfin, la déco du bureau est utile pour nouer des relations, en particulier pour briser la glace, trouver un prétexte pour entrer en contact et démarrer une conversation. Dans ce cas, ce type d’objet est très visible aux yeux des collègues et visiteurs. Il peut s’agir par exemple du roman qu’on est en train de lire, d’une photo qui indique que l’on est parent ou que l’on partage telle ou telle passion.

Conclusion : les employeurs qui interdisent la personnalisation des bureaux devraient y réfléchir à deux fois. La justification fournie est souvent le risque d’image négative renvoyée aux clients qui se présentent dans les locaux de l’entreprise. Mais, au contraire, un bureau personnalisé peut provoquer une discussion plus personnelle avec un client et renforcer la qualité du lien avec lui.

Bien sûr, tout est aussi question de goût. Les auteurs ne précisent pas si un bureau décoré de chewing-gums usagés et de bouts de sandwichs rassis est réellement créateur de liens. Si ce n’est avec les souris !

1) Kris Byron, Gregory Laurence, “Diplomas, Photos, and Tchotchkes as Symbolic Self-Representations : Understanding Employees’ Individual Use of Symbols”, Academy of Management Journal, vol. 58, n° 1, 2015.

Auteur

  • Denis Monneuse