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Sur le terrain

RETOUR SUR… Les accords sur les formations par alternance à Orange

Sur le terrain | publié le : 29.09.2015 | Florence Roux

Depuis 2011, Orange a conclu deux accords d’entreprise sur les contrats en alternance. Ce dispositif central dans le renouvellement du personnel s’appuie sur une culture de la transmission et sur le tutorat.

L’alternance est une voie d’excellence selon Kevin Frédière. Responsable d’équipe à Orange, le jeune homme veut convaincre : s’il a été recruté en contrat à durée indéterminée un an et demi plus tôt, c’est grâce à ses trois ans d’apprentissage dans l’entreprise, qui lui ont permis de terminer ses études d’ingénieur. Cette année, l’opérateur de téléphonie effectue la moitié de ses recrutements en CDI parmi ses alternants, ce qui représente près d’un millier de jeunes.

L’alternance, qui a fait l’objet en février 2014 d’un deuxième accord d’entreprise après celui de 2011, est devenue un dispositif central dans la politique de renouvellement du personnel à Orange. « Quelque 30 000 des 99 400 salariés français partent à la retraite d’ici à 2020, explique Stéphane Richard, le Pdg. L’alternance est un moyen privilégié pour remplacer ces départs. Alors que nous avons une moyenne d’âge de 50 ans, elle nous permet aussi de mieux renouveler le personnel via des profils plus en phase avec le numérique. »

Résultat : l’entreprise de téléphonie compte 6 000 alternants en 2015 (contre 4 500 il y a trois ans), dont 1 000 contrats dédiés au “très haut débit”. « Orange a toujours eu une culture de la transmission et de l’apprentissage, rappelle Rozen Thomas, responsable de l’alternance au service RH. Avec les accords, nous nous sommes plus franchement engagés avec les partenaires sociaux dans un développement de différents types d’alternance. »

75 % d’apprentis parmi les alternants

Parmi les alternants, 75 % sont en contrat d’apprentissage, les autres en contrat de professionnalisation. Les premiers préparent à 87 % des diplômes post-bac, cette proportion descend à 69 % pour la professionnalisation, davantage concernée par des niveaux 4 et 5. « Ces deux systèmes rallient des populations très différentes, commente Rozen Thomas. En contrat de professionnalisation, nous intégrons des profils plus atypiques. »

L’entreprise recrute ses alternants dans des salons des métiers ou en lien avec 600 établissements partenaires. Les recrues, salariées selon leur âge ou leur niveau de formation, rencontrent alors leurs pairs, leurs managers, leurs tuteurs et les partenaires sociaux lors d’une journée et demie d’intégration. Orange leur propose aussi des challenges, des repas « informels » ou la participation à une communauté interne dédiée. Enfin, ils ont des avantages spécifiques, comme un temps rémunéré pour préparer leurs examens, une demi-journée pour le permis de conduire et une aide au logement (jusqu’à 100 euros par mois).

Des tuteurs motivés et formés

Mais le cœur de cette politique d’alternance réside dans l’accueil réalisé par les 5 500 tuteurs de l’entreprise. Volontaires, ils ont un statut et une charte. Ils suivent une formation de deux jours, avec vidéos, jeux de rôles et fiches pratiques. Les tuteurs non cadres perçoivent une prime de 300 euros par mois – ce qui représente un budget de 1 million d’euros annuel pour Orange –, tandis que les cadres, eux, intègrent cette mission dans leurs objectifs. Le temps consacré est précieux, selon la DRH : 93 % n’accompagnent qu’un alternant, auquel ils accordent de 10 % à 20 % de leur temps de travail. « C’est à l’appréciation du tuteur, selon sa disponibilité, explique Rozen Thomas. Tutrice moi-même, je peux consacrer une demi-journée par semaine à mon alternante, si nécessaire. Et je relis aussi son mémoire. » Ainsi, les tuteurs donnent des conseils pratiques (carte de cantine, intranet, etc.), scolaires et professionnels, en lien avec le manager. Pour autant, s’ils sont responsables, ils ne sont pas « comptables » des erreurs et des résultats du jeune.

Selon Véronique Verne, manager à Saint-Étienne passée par l’alternance et qui pilote aujourd’hui des jeunes et leurs tuteurs, « le tuteur travaille en partenariat avec le manager. C’est avec lui qu’il fixe les objectifs à l’alternant, voire qu’il pose les jalons d’un plan de carrière possible dans l’entreprise ».

Des classes de filles pour doper l’intégration

Fin 2014, Orange a ouvert pour le métier de technicien d’intervention trois “classes de filles”. Elles comptent 36 élèves cette année, dans trois établissements partenaires, à Lyon, Rennes et Paris. « Il est essentiel que nos métiers techniques se féminisent en douceur, note Rozen Thomas, du service RH. Avec ces classes, nous nous appuyons d’une part sur un esprit de promo exclusivement féminine, qui rassure les jeunes femmes dans leur choix d’un métier technique. Nous misons d’autre part sur l’alternance qui, avec le tutorat, facilite l’intégration dans des équipes très masculines. »

Auteur

  • Florence Roux