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PHILIPPE DÉTRIE LA MAISON DU MANAGEMENT

La chronique | publié le : 29.09.2015 |

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PHILIPPE DÉTRIE LA MAISON DU MANAGEMENT

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La vertu de l’analyse

L’écoute est la première vertu managériale,

écrivions-nous il y a quinze jours. Elle est certes indispensable mais loin d’être suffisante pour passer à l’action. L’analyse est nécessaire. Ce que nous avons capté grâce à nos sens doit passer au filtre de la raison.

Nous savons qu’un “bon” management

est structuré, personnalisé et adapté à la situation. Ces deux derniers qualificatifs impliquent que l’analyse est essentielle pour apporter une bonne réponse managériale. Il faut analyser l’état d’esprit de ses interlocuteurs et le contexte dans lequel on se trouve : on ne manage pas un rétif de la même manière qu’un enthousiaste, on ne manage pas une situation de crise de la même façon qu’un fonctionnement en marche normale.

Une analyse demande de la méthode.

Une analyse est un examen critique qui tente de dégager les éléments propres à expliquer une situation, un sentiment, une personnalité. On décompose ainsi une observation issue de l’écoute pour en identifier les constituants. Le Discours de la méthode, de Descartes (1637), nous enseigne quatre préceptes :

• Ne recevoir aucune chose pour vraie tant que son esprit ne l’aura clairement et distinctement assimilée préalablement.

• Diviser chacune des difficultés afin de mieux les examiner et les résoudre.

• Établir un ordre de pensées, en commençant par les objets les plus simples jusqu’aux plus complexes et divers, et ainsi de les retenir toutes et en ordre.

• Passer toutes les choses en revue afin de ne rien omettre.

Presque quatre cents ans plus tard, nous conduisons toujours aussi mal notre raison. Pourquoi ?

Le sens commun est le sens rare.

Le bon maître nous le pardonne, le bon sens n’est pas « la chose du monde la mieux partagée ». Il n’y aurait pas toutes ces guerres, ces souffrances volontaires infligées à autrui, au nom de quelle cause ! Nous penchons plutôt pour la définition de Juvénal : « Le sens commun est fort rare ».

Les freins surgissent de partout :

ce sont nos biais, nos filtres, nos croyances limitantes. Nombreux sont les pièges : courir à la solution la plus évidente, s’enfermer dans son cadre de référence (chacun a fait l’exercice de joindre en quatre segments de droite neuf points disposés en carré), s’en remettre à sa seule expérience, considérer comme vrais ses préjugés, ne pas détecter des signaux faibles… Nous ne prenons pas le temps de réfléchir et finissons par raisonner comme un tas de sable, on pourrait même dire : par résonner comme de pauvres cloches !

La rigueur, reine de l’analyse.

C’est la rigueur qui donne la justesse de l’analyse. Elle interdit la fantaisie galopante de l’imagination, mais elle n’est ni austère ou sévère pour autant.

Trois conseils :

– formaliser son analyse : écrire est une discipline exigeante, qui oblige à structurer et préciser sa pensée ;

– la co-construire : le travail de groupe demande du temps, de la méthode et de la modestie, mais il apporte de l’exactitude et de la richesse ;

– la faire relire par des tiers : quarante ans d’écriture m’ont appris qu’un regard extérieur est toujours fécond et évite des interprétations erronées.

Soyons rigoureux et non rigides !