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États-Unis : La diversité, enjeu RH de la police américaine

Sur le terrain | International | publié le : 22.09.2015 | Caroline Talbot

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États-Unis : La diversité, enjeu RH de la police américaine

Crédit photo Caroline Talbot

Les bavures policières des derniers mois réactivent les polémiques sur l’absence de représentants des minorités dans les rangs des forces de l’ordre. Certaines grandes villes tentent de diversifier le recrutement de leur police. Mais les progrès réalisés restent fragiles.

La mort de Michael Brown, un adolescent noir tué il y a un peu plus d’un an par un policier blanc à Ferguson, dans le Missouri, un État du Sud, a fait remonter à la surface les pires cauchemars des services de RH des polices américaines. D’autant plus qu’après cette tragédie, la presse annonçait quasi chaque semaine le décès, dans une ville différente, d’un jeune garçon noir arrêté et laissé aux mains de policiers blancs.

La police américaine serait-elle trop blanche ? Trop étrangère aux us et coutumes des quartiers pauvres ? Journaux et experts ont ressorti les statistiques. Ville après ville, l’image d’une police plus blanche que ses citoyens apparaît. En 2014, la ville majoritairement noire de Ferguson (66 %) n’avait que quatre noirs dans son équipe de gardiens de la paix. À Oakland, en Californie, les Caucasiens représentent 26 % de la population, mais ils occupent 42 % des postes dans la police. À Columbus, dans l’Ohio, 85 % des hommes en uniforme sont blancs. À Baltimore, la police est 20 % plus blanche que les citoyens. Et à North Charleston, où près de la moitié de la population est noire, seulement 20 % de ses forces de l’ordre le sont aussi.

Des efforts de diversification

Si le trombinoscope policier manque indiscutablement de variété, certaines mégalopoles ont fait des efforts pour diversifier leur recrutement. Washington DC a plus d’officiers noirs que de blancs. À New York, les personnes d’origine asiatique (6 %), les Latinos (24 %) et les Noirs (28 %) sont, ensemble, plus nombreux que leurs collègues caucasiens. Patrick Oliver, l’ancien chef de la police de Cleveland et membre de la National organization of black law enforcement executives, recommande des critères de sélection différents, plus souples. Et il insiste sur le besoin d’aller chercher les candidats là où ils vivent : dans les Églises, les associations, les équipes de sports amateurs… Il repère ses prospects lorsqu’ils sont encore jeunes. « Il faut les entraîner, les encadrer, les garder dans le droit chemin… pour pouvoir plus tard les embaucher », dit-il. Les recruteurs de Columbus se rendent ainsi deux fois par an dans les lycées pour parler de la carrière et de l’importance d’un casier judiciaire vierge. Mais « notre meilleur outil de recrutement, avoue le sergent Duane Nicholson, ce sont nos propres policiers de quartier qui font passer le message. » Joseph Giacalone, ancien policier new-yorkais, aujourd’hui professeur au John Jay College of Criminal Justice, vante, lui, l’impact de la série télé Les Experts/Miami. « Leur science et leur savoir-faire ont influencé toute une génération de gamins », assure-t-il.

Les progrès réalisés sont cependant fragiles. Columbus a embauché récemment des officiers de liaison pour se rapprocher du public. Une jeune Somalienne musulmane devait faire l’interface avec ses 12 000 ressortissants. Elle a tenu tout juste quatre mois. Sa direction refusait le port du voile. Baltimore avait jusqu’en juillet un chef de la police noir, mais « la ville a accumulé les plaintes pour brutalité policière », note Joseph Giacalone.

Il ne suffit pas de changer la couleur du policier. C’est toute une culture qui doit évoluer. « On tolère les brutalités policières, dénonce Maya Beasley, professeure de l’Institut de sociologie et d’études africaines à l’université du Connecticut. Le petit groupe des policiers violents est rarement inquiété. » Elle plaide pour la diversité des cadres à tous les échelons. Et une bonne dose de formation serait la bienvenue.

Dans les médias

The New York Times. L’UAW négocie d’abord avec Chrysler

Les syndicalistes de l’UAW (United Auto Workers) vont d’abord traiter avec Fiat Chrysler des contrats d’entreprise pluriannuels de la branche, avant de s’attaquer à Ford et à General Motors. Les leaders syndicaux et les “big three” négocient depuis juillet le renouvellement des accords salariaux pour quatre ans. L’objectif de Dennis Williams, le président de l’UAW : une hausse des salaires d’entrée pour réduire l’écart avec celui des vétérans. Il est aussi question des assurances santé. L’UAW propose aux trois constructeurs de créer un pool unique – et élargi – d’assurés pour réduire leurs coûts. 14 septembre, The New York Times, quotidien.

Fortune. Le palmarès des femmes les plus puissantes

Le magazine publie son palmarès des femmes les plus puissantes de l’économie américaine, dont les 27 premières représentent une capitalisation boursière de 1 billion (mille milliards) de dollars d’actions. En tête cette année : Mary Barra, patronne de General Motors, suivie d’Indra Nooyi, à la tête de Pepsi, et de Ginni Rometty d’IBM. En Europe, la numéro un est Ana Botin de Banco Santander. La première Française, Patricia Barbizet, patronne de Christie’s et d’Artemis, est sixième dans le palmarès européen. 14 septembre. Fortune, bimensuel économique.

Auteur

  • Caroline Talbot