Alors que la créativité et l’autonomie des salariés sont sollicitées, une déferlante de normes s’abat sur tous les secteurs de l’entreprise, sur l’activité de formation et dans l’administration. Certes, la norme est porteuse de professionnalisme. On la justifie souvent par cet argument et au nom de la qualité du service. Mais elle est aussi porteuse de contraintes renforcées et, partant, de stress pour les salariés souvent pris dans des injonctions normatives contradictoires, qui peuvent se résumer par une simple formule : faire toujours plus avec moins de moyens.

La norme, accompagnée de son cortège de reportings incombant au manager, a contribué à isoler le salarié du collectif de travail, qui n’est plus la référence du travail bien fait, celui-ci s’exprimant désormais de manière plus abstraite dans des règles et dans des chiffres. Elle a contribué corrélativement à parasiter une bonne part de l’activité managériale, largement occupée aujourd’hui à rendre compte de l’application de ces normes.

Sous la direction d’un psychologue et de sociologues, des enseignants chercheurs du Centre de recherche sur la formation (Cnam) étudient les effets de cette normalisation sur l’organisation, le travail et les rapports sociaux. Mettant en évidence qu’au-delà des aspects techniques, une vision du monde est à l’œuvre, les auteurs pointent la dimension politique impliquée dans la nouvelle normativité du travail et de la société.