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Chronique

Du côté de la recherche

Chronique | publié le : 22.09.2015 | Denis Monneuse

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Du côté de la recherche

Crédit photo Denis Monneuse

Le mythe du grand joueur

Chaque été se déroule le marché des transferts. Les dirigeants de clubs de football espèrent que l’arrivée de quelques bons joueurs contribuera à l’amélioration globale du niveau de leur équipe. Ils tentent même d’attirer un grand joueur, celui qui est réputé pouvoir faire gagner un match à son équipe à lui tout seul. Mais dans quelle mesure ce mythe du grand joueur se vérifie-t-il dans les faits ?

À défaut d’avoir la réponse dans le monde du sport, Ning Li et d’autres chercheurs de l’université Jiao Tong de Shanghai apportent des éléments de réponse dans le monde industriel(1).

En étudiant le niveau de performance de 87 équipes d’une entreprise chinoise de pétrochimie, ils notent tout d’abord quelques secrets de la réussite collective : le fait de s’accorder un minimum sur la manière de travailler, d’équilibrer ou de compenser la charge de travail de chacun, de donner un coup de main à ses collègues en cas de besoin, etc. La tendance à l’entraide et à la prise de parole (pour exprimer ses idées, ses préoccupations…) a alors été identifiée comme une des ressources clés. Par la suite, les chercheurs ont demandé à chaque salarié d’évaluer ses coéquipiers dans ces deux domaines.

Qu’en ressort-il ? Que les équipes qui obtiennent les scores les plus élevés en matière d’entraide et de communication sont aussi celles qui mettent en place des processus efficaces et qui réussissent le mieux. Ce constat est rassurant, dans la mesure où les compétences aboutissent à des résultats. La suite de l’étude est, elle, plus originale, puisqu’elle analyse le poids du meilleur collaborateur au sein d’une équipe. Dans quelle mesure a-t-il une grande influence sur la réussite globale du groupe ?

L’influence du meilleur collaborateur sur le collectif de travail est plus élevée qu’attendu : la réussite d’une équipe tient avant tout à la présence d’un collaborateur qui excelle en matière d’entraide et de communication. À côté, les compétences des autres membres de l’équipe dans ces deux domaines importent peu.

Autrement dit, le salarié toujours prêt à donner un coup de main à ses collègues (quitte à sortir de ce que lui impose sa fiche de poste), qui partage ses idées innovantes et se soucie d’un dysfonctionnement collectif joue un rôle clé dans la réussite globale de l’équipe. Ce qu’il fait en plus du “minimum syndical” et de la tâche qui lui est individuellement demandée s’avère fondamental. Consciemment ou non, il joue un rôle de régulation. C’est un petit pas de plus pour lui, mais un grand pas pour le bon fonctionnement et le succès de l’équipe.

Pour qu’une personne qui a le sens du collectif et qui est prête à en faire plus que les autres apporte une influence si positive à son équipe, encore faut-il qu’elle occupe une position centrale au sein de celle-ci, précisent toutefois les auteurs.

Conclusion : le mythe du grand joueur est vérifié. Les DRH devraient donc s’assurer qu’au moins une personne dans chaque équipe joue un rôle de régulation en influençant positivement le travail collectif à travers son comportement exemplaire.

1) Ning Li et al., “Achieving More With Less : Extra Milers’Behavioral Influences in Teams”, Journal of Applied Psychology, vol . 100, n° 4, 2015.

Auteur

  • Denis Monneuse