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Sur le terrain

Réorganisation : Delpierre trouve un accord de compétitivité

Sur le terrain | Pratiques | publié le : 15.09.2015 | Christian Robischon

Signé hors du cadre de la loi de sécurisation de l’emploi, jugé trop restrictif, le texte applicable dans un site de l’entreprise de produits de la mer, accorde la priorité à l’organisation du travail et à la réduction de l’absentéisme.

Revoir le temps de travail et faire chuter l’absentéisme. Ce sont les deux leviers que Delpierre actionne en priorité pour restaurer la compétitivité de son usine alsacienne de Wisches (150 salariés permanents), en pertes chroniques. Le spécialiste des produits de la mer justifie, par le choix de ces thèmes, qu’il ne soit pas passé par la voie de la loi de sécurisation de l’emploi pour négocier l’accord d’établissement entré en vigueur en juin. Quand bien même la plupart des dispositions s’appliquent sur deux ans avec possibilité de réviser par la suite. Et surtout, que l’esprit y est identique : il s’agit in fine de baisser le coût du travail horaire pour le ramener au niveau des autres sites français et d’attribuer de nouvelles productions à partir de 2016, pour éviter la fermeture.

« Nous cherchions un accord sur un projet d’entreprise global, qui ne soit pas focalisé sur les seuls salaires, mais qui puisse aussi rediscuter par exemple de l’organisation et des conditions de travail. Au regard de ces objectifs, nous avons estimé que le cadre de la loi de juin 2013 n’était pas adapté », expose Huguette Baud, DRH de Delpierre.

Des dispositions collectives

D’autant que les dispositions sont collectives et ne nécessitent pas de passer par des avenants individuels au contrat de travail. Ainsi, l’accord augmente le temps de travail quotidien de 28 minutes, en supprimant la rémunération d’une partie des pauses. Il élargit la modulation : au lieu d’une variation de plus ou moins cinq heures par semaine, le site passe à une amplitude de 28 à 48 heures, afin de s’adapter à ses futures productions et aux campagnes promotionnelles de la grande distribution.

Par ailleurs, en vue de réduire un absentéisme qui culmine à 20 %, le texte instaure une prime de présentéisme. Il maintient le paiement de trois jours de carence, mais suspend pendant deux ans la subrogation pour arrêt de travail : « Cette mesure a valeur de symbole, pour bien sensibiliser les salariés à l’impact de leur absence sur l’organisation des équipes, la charge de travail de leurs collègues et le coût induit pour l’entreprise », précise Huguette Baud.

Les dispositions pourront être allégées si l’absentéisme est ramené à moins de 7 %. Celui-ci doit également se résorber par une amélioration de l’organisation et des conditions de travail, estime la direction. Réunis pendant les trois mois de la négociation, des groupes thématiques encadrement-salariés ont planché sur le sujet pour s’accorder sur une trentaine d’actions prioritaires à partir de la rentrée, comme la limitation des ports de charge et le renforcement des formations de tuteurs. Quant aux salaires, ils sont gelés pour deux ans, « mais comme c’était notre objectif, l’accord n’impacte ni la rémunération de base ni les classifications. Il révise des accessoires de salaire », souligne la DRH.

Commission de suivi

La négociation a été précédée d’un accord de méthode conclu à l’unanimité des OS, qui a organisé le suivi par une commission paritaire selon cinq thèmes : situation économique, investissements, situation de l’emploi, absentéisme, organisation et conditions de travail. Ce travail démarre à présent.

L’unanimité, en revanche, n’a pas été atteinte pour la signature de l’accord de compétitivité lui-même. CFDT et CGT y ont vu un « chantage à l’emploi » traduit par une « perte d’acquis sociaux sans garantie de pérennité du site ». FO, majoritaire, a eu une lecture différente, favorable au texte. Ce syndicat a pris l’initiative d’un référendum, qui a débouché sur un peu plus de 60 % de participation et 86 % de votes favorables parmi les suffrages exprimés.

La direction de Delpierre avait d’abord conditionné son plan de sauvetage à l’adhésion totale des organisations syndicales. Elle a finalement accepté de se contenter d’un accord avec la principale d’entre elles, s’estimant confortée par l’issue du référendum.

Auteur

  • Christian Robischon