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Canada : L’Ontario crée un deuxième pilier de retraite

Sur le terrain | International | publié le : 15.09.2015 | Ludovic Hirtzmann

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Canada : L’Ontario crée un deuxième pilier de retraite

Crédit photo Ludovic Hirtzmann

Le gouvernement libéral de l’Ontario a décidé la création d’un régime de retraite complémentaire obligatoire, en complément du système de retraite public fédéral. Les employeurs, qui devront cotiser, renâclent à adopter le nouveau régime.

« Il s’agit d’assurer notre avenir collectif pour que nous puissions tous vivre notre retraite dans la dignité. » C’est ainsi que Mitzie Hunter, ministre associée des Finances de l’Ontario et chargée des retraites, justifie la création, au 1er janvier 2017, d’une nouvelle rente de retraite complémentaire obligatoire (RRPO) dans la province la plus peuplée du Canada. Le montant de la rente, versée à partir de 65 ans dès 2022, dépendra du nombre d’années de cotisations et des salaires des cotisants. Selon le gouvernement de l’Ontario, 65 % des travailleurs de la province ne bénéficient pas d’un régime de retraite de leur employeur. Ils vivent des dispositifs de retraite publics. Si le premier, le régime de pension du Canada (RPC), est de 12 800 dollars par an pour ceux qui ont le plus cotisé, il n’atteint, en moyenne, que 6 900 dollars annuels pour les Ontariens. Au RPC, il faut ajouter deux autres régimes : la sécurité de la vieillesse et le supplément de revenu garanti, qui représentent en moyenne 12 000 dollars par an. En moyenne, un salarié gagnant 40 000 dollars en fin de carrière ne touchera que 45 % de son dernier salaire avec la retraite publique, s’il a cotisé à taux plein. Le nouveau RRPO y ajoutera environ 15 %. Dans un pays où les aînés sont souvent contraints de ramasser les canettes de bières consignées afin de survivre, c’est une révolution.

La situation des retraités n’a en effet cessé de se détériorer. En 1982, 22,7 % des Ontariens capitalisaient une épargne supplémentaire pour leurs vieux jours, contre 3,2 % aujourd’hui. Les employeurs, surtout ceux du secteur privé, proposent de moins en moins de régimes complémentaires à leurs salariés. Une situation intenable. Selon un sondage de l’institut Mainstreet Research, 59 % des habitants de Toronto sont favorables au futur RRPO, pour lequel employeurs et salariés cotiseront à part égale, soit 1,9 % chacun, à partir du 1er janvier 2017 pour les entreprises de plus de 500 personnes et du 1er janvier 2018 pour celles de 50 à 499 collaborateurs. Les plus petites seront assujetties au nouveau régime à compter du 1er janvier 2019. Un actif dont le salaire est de 45 000 dollars par an pourra dégager à partir de 65 ans un montant de 6 410 dollars du RRPO. Ce montant sera plafonné à 12 815 dollars pour un salaire maximal de 90 000 dollars.

Nouvelle taxe

S’il est encore trop tôt pour savoir comment les entreprises vont s’adapter à cette nouvelle donne – les détails du nouveau régime de retraite n’ont été dévoilés qu’à la mi-août – les organisations patronales dénoncent le RRPO. La chambre de commerce de l’Ontario, dont les entreprises membres emploient plus de deux millions d’Ontariens représentant 17 % du PIB de la province, anticipe « des conséquences négatives pour l’économie de la province, a déclaré Allan O’Dette, son président. Un récent sondage parmi nos entreprises adhérentes révèle que seules 26 % estiment qu’elles peuvent supporter les coûts associés du RRPO ».

Même écho à la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), qui assure que 40 % de ses membres licencieront : « Les contributions à ce régime ne sont ni plus ni moins qu’une nouvelle taxe sur la masse salariale… nuisible à l’économie », estime la vice-présidente principale de la FCEI, Martine Hébert. Les patrons espèrent encore convaincre le gouvernement de faire des concessions, sans préciser lesquelles.

Kathleen Wynne, la Première ministre, a prévu d’exonérer les entreprises qui disposent déjà d’un plan de retraite similaire. Quant à celles qui proposent un dispositif moins généreux que le futur RRPO, elles auront jusqu’au 1er janvier 2020 pour s’adapter.

DANS LES MÉDIAS

La Presse. La récession frappe le Canada

Mauvaises nouvelles pour les travailleurs. Relativement épargné par la crise économique de 2008, le Canada est en récession. Depuis l’arrivée au pouvoir de l’ultra-conservateur Stephen Harper en 2006, Ottawa a tout misé sur les entreprises liées aux ressources naturelles, sans se diversifier. Une politique risquée, qui pourrait coûter à Harper sa réélection lors du scrutin du 19 octobre prochain. 1er septembre 2015. La Presse, quotidien montréalais.

Le Devoir. Licenciements en série en Alberta

Rien ne va plus en Alberta, où se situent les troisièmes réserves de pétrole de la planète. Les grandes entreprises pétrolières licencient à tour de bras. Dernières en date, ConocoPhilipps et Penn West Petroleum, qui annoncent un total de 900 suppressions de postes. La faute aux cours du pétrole de plus en plus bas. L’eldorado canadien ne paie plus. 2 septembre 2015. Le Devoir, quotidien montréalais.

Auteur

  • Ludovic Hirtzmann