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L’enquête

Gestion : Y a-t-il un pilote dans le Perco ?

L’enquête | publié le : 15.09.2015 | H. T.

Ce sera désormais la formule par défaut du plan d’épargne pour la retraite collectif : la gestion pilotée vise à faciliter la vie des salariés épargnants. Mais son mécanisme est loin d’être simple.

Ouverts à tous les salariés de l’entreprise dans l’optique d’une épargne retraite (avec des cas exceptionnels de déblocage anticipé, dont l’acquisition de la résidence principale), et une sortie en capital ou en rente, le Perco doit proposer au moins trois supports de placement présentant différents profils d’investissement.

Si le salarié peut gérer lui-même ses placements sur les différents fonds – c’est la gestion libre –, tous les Perco doivent, depuis la réforme des retraites de 2010, proposer « une allocation de l’épargne permettant de réduire progressivement les risques financiers », au fur et à mesure que l’adhérent se rapproche de la retraite. Une gestion dite pilotée, qui repose donc sur une “désensibilisation” au risque actions : « c’est une façon de pallier la complexité en automatisant les arbitrages que les salariés ne souhaitent pas faire eux-mêmes », souligne Olivier de Fontenay, associé fondateur d’Eres.

Fonds à horizon et systèmes de grilles

Avec la loi Macron, cette modalité de gestion devient la formule par défaut du Perco – qui draine 50 % de la participation en l’absence de choix du salarié bénéficiaire. Le plan d’épargne retraite bénéficie d’un forfait social minoré à 16 %, si, de surcroît, l’allocation de l’épargne est affectée à l’acquisition de parts de fonds (dans des conditions fixées par décret) comportant au moins 7 % de titres éligibles au PEA-PME (plan d’épargne en actions destiné au financement des PME et ETI). D’où des “liftings” à prévoir pour les accords Perco proposant une gestion pilotée par grilles, rappelle José Castro, directeur du développement de Natixis Interépar ? gne (lire Entreprise & Carrières n° 1252). Simple dans son principe, la gestion pilotée peut, en effet, prendre différentes formes. « Il y a deux grands modes de fonctionnement : les fonds à horizon ou générationnels et le système de grilles », explique Olivier Dessane, directeur du développement épargne retraite entreprise (ERE) de Siaci Saint Honoré.

« Dans le premier cas, le salarié rentre dans un fonds “millésimé”, qui correspond à sa date prévisible de départ à la retraite. » Ainsi, chaque classe d’âge investit dans un fonds cible (2020, 2025, 2035…), qui l’accompagnera en principe jusqu’à la liquidation du Perco. « C’est le gestionnaire qui diminue progressivement l’exposition au risque, le salarié étant régulièrement informé de la performance du fonds. » Une modalité pratique et lisible, estime-t-il. Et un système simple, aussi, pour le teneur de compte. Cependant, « il est difficile de comparer les fonds à horizon entre eux, et d’affirmer qu’un fonds est bon ou pas », nuance Olivier de Fontenay.

Trois profils

Mais la gestion pilotée la plus courante, poursuit Olivier Dessane, repose sur des systèmes de grilles d’allocation. L’accord Perco conclu entre l’entreprise et les partenaires sociaux détermine généralement une gamme de trois fonds proposant des classes d’actifs distinctes (actions, obligations et monétaire) et une ou plusieurs grilles d’allocation. En fonction de l’horizon de placement du salarié, celles-ci détermineront la grille de répartition de son épargne sur les différentes classes d’actifs afin de la sécuriser de manière régulière et progressive. Dans ce cas, le mécanisme de sécurisation est assuré par le teneur de compte.

Les grilles sont généralement ? établies par les sociétés de gestion, qui proposent, la plupart du temps, trois profils tenant compte de l’aversion au risque de l’épargnant : prudent, équilibré et dynamique. « Sur une grille dynamique, on considérera, par exemple, qu’à 40 ans de l’échéance, l’épargne sera investie à 100 % sur le fonds actions et qu’ensuite, les actifs seront diversifiés, avec une part toujours croissante de monétaire », illustre Olivier Dessane.

« Le problème, c’est qu’on ne dispose pas de vue d’ensemble, souligne-t-il. On ne sait donc pas si la grille proposée s’est intrinsèquement avérée performante, d’où la difficulté pour les entreprises d’adresser une information précise sur le sujet à leurs salariés. Certains grands groupes étudient d’ailleurs la cohérence des grilles de leur gestionnaire et cherchent à les affiner. » Enfin, il y a autant de modèle de grilles que d’acteurs sur le marché… ce qui ne contribue pas à améliorer la lisibilité.

Pour en savoir plus

Gestion pilotée du plan d’épargne pour la retraite collectif (Perco) : guide de bonnes pratiques, AFG, mai 2012 (accessible en ligne sur le site de l’Association française de la gestion financière : www.afg.asso.fr).

Auteur

  • H. T.