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L’enquête

Arkema : Un salarié averti en vaut deux

L’enquête | publié le : 15.09.2015 | H. T.

Le chimiste tient beaucoup à son actionnariat salarié. À la condition que ses collaborateurs soient conscients des risques et sachent opérer des arbitrages entre les différents fonds du plan d’épargne groupe.

Legs de Total, et précédemment d’Elf, l’épargne salariale a d’emblée fait partie du package de rémunération global d’Arkema. Les salariés de cette spin-off du groupe pétrolier peuvent ainsi placer leurs primes d’intéressement et de participation sur un plan d’épargne groupe (PEG), auquel s’est ajouté un Perco, négocié en 2010(1).

Les intéressés ont le choix : le plan d’épargne groupe propose une gamme de six fonds multi-employeurs (actions, obligations, monétaire, équilibre, garanti et opportunités) et un fonds d’actionnariat salarié : « Il faut offrir une certaine diversité aux salariés, sans toutefois les noyer », estime Laurence Coin, responsable systèmes de rémunération collectifs et protection sociale d’Arkema. Le Perco, lui, présente quatre supports de placement, ainsi qu’un fonds garanti – « c’est l’assurance de récupérer son investissement », explique-t-elle –, les adhérents au Perco pouvant, en outre, opter pour une gestion pilotée par horizon.

Cependant, 85 % des avoirs du PEG – auquel ont adhéré 90 % des salariés – sont détenus en actions de l’entreprise. Il faut dire que, depuis 2008, le chimiste propose, tous les deux ans, des augmentations de capital réservées à ses troupes. Le taux de participation de la dernière opération, qui a couvert près de 95 % des collaborateurs dans le monde, a été de 60 % en France, précise Laurence Coin : « 4,4 % du capital est aujourd’hui détenu par les salariés, et le montant moyen des souscriptions s’élève à 4 000 euros. »

Une preuve de la confiance des collaborateurs dans leur entreprise, qui, depuis son introduction en bourse en 2006, a certes permis à ses actionnaires de réaliser quelques belles plus-values. Mais des choix qui vont à l’encontre du « principe élémentaire de diversification », reconnaît la responsable, convaincue de « l’importance de communiquer sur tous les supports de placement. Notre objectif d’associer les salariés au développement d’Arkema n’est tenable à long terme que s’ils comprennent bien les risques liés à la qualité d’actionnaire et pensent à diversifier leur investissement. Il faut leur expliquer que tous les fonds n’évoluent pas de la même façon sur cinq ans ; qu’il y a toujours des aléas liés au contexte macro-économique ; et les pousser à s’interroger sur leur horizon d’épargne, leur patrimoine global, etc. »

Ce déséquilibre des avoirs de l’épargne salariale et l’absence de questionnement sur la performance des fonds (les salariés s’intéressent davantage aux règles d’abondement et aux cas de déblocage anticipé) a incité l’entreprise à mettre sur pied un dispositif d’information substantiel, en complément des informations réglementaires sur chaque fonds mises en ligne par Amundi, le teneur de comptes.

Une formation par le jeu

La démarche s’est traduite par le déploiement, en 2012-2013, d’une formation par le jeu, Cartes sur table, conçue par EPS Partenaires (conseil et formation en épargne d’entreprise et protection sociale). Un module de quatre heures adapté au contexte d’Arkema, après une session pilote organisée avec les membres du comité de suivi de l’épargne salariale. Accessible dans le cadre du DIF, il vise à apprendre aux participants à gérer leur épargne salariale. En tout, quelque 300 personnes en ont bénéficié, soit moins de 5 % de l’effectif. A-t-il été utile ? « Les retours sont très positifs. Et, depuis 2011, le taux d’arbitrages est passé de 12 % à 21 %. Ce qui veut dire que les salariés se préoccupent davantage de l’adéquation entre leurs supports d’investissement et leurs objectifs », considère Laurence Coin, qui entend relancer cette formation début 2016.

Autre canal d’information : l’intranet, sur lequel ont été postées de courtes vidéos pédagogiques réalisées par Amundi. « Nous en avons sélectionné 7 en 2014, sur l’intéressement, l’abondement, les supports de placement, etc., que nous avons accompagnées d’une introduction rédigée par nos soins. L’idée est aussi d’inciter les salariés à s’informer directement sur le site d’Amundi. » Simple et pas cher, ce canal a affiché une audience de quelque 1 000 visiteurs à chaque mise en ligne.

Enfin, l’entreprise a de nouveau fait appel à EPS Partenaires pour développer cinq modules en e-learning de dix minutes chacun sur l’actionnariat salarié. Déployés en avril dernier, ils abordent les notions de patrimoine, de bénéfices futurs, de rendement et de risques…, un quiz permettant ensuite de vérifier leur acquisition. Mi-mai, 150 collaborateurs avaient suivi tous les modules. Ce dispositif sera relancé avec la prochaine augmentation de capital réservée aux salariés, en 2016.

L’entreprise abonde les versements de manière dégressive sur chacun des deux dispositifs, en favorisant le PEG : la participation employeur y atteint 300 % sur les 150 premiers euros, avec un plafond de 1 000 euros, contre 200 % sur les 100 premiers euros et une limite de 400 euros pour l’épargne retraite.

REPÈRES

Activité

Chimie de spécialités.

Effectif monde

19 200 collaborateurs.

Chiffre d’affaires pro forma

7,5 milliards d’euros (après l’acquisition de Bostik en février dernier).

Auteur

  • H. T.