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Sur le terrain

LES GAUTIER ENSEIGNENT LEURS SAVOIR-FAIRE EN INTERNE

Sur le terrain | Pratiques | publié le : 14.07.2015 | MARIE ALBESSARD

Depuis octobre 2014, chez le fabricant de meubles vendéen, des salariés expérimentés proches de la retraite forment en interne leurs collègues, nouveaux arrivants ou salariés déjà en poste.

Le fabricant de meubles Gautier (950 salariés), installé au Boupère, en Vendée, a lancé un dispositif de formation interne baptisé Cap’ Métiers en octobre 2014. Son but est d’anticiper un risque de perte de savoir-faire sous le double effet d’une augmentation du nombre des départs à la retraite de salariés expérimentés (entre 15 et 20 par an ces deux dernières années) et d’une inadéquation des formations des ouvriers qualifiés nouvellement recrutés. Du CAP au bac + 2, celles-ci sont de moins en moins spécialisées et moins pratiques, selon Laure Gautreau, la responsable formation.

UN PROGRAMME POUR TOUS LES NIVEAUX

Ce programme interne, dispensé par des salariés expérimentés à leurs collègues de tous niveaux, doit permettre de former sur mesure, rapidement et en fonction des besoins. Trois métiers de l’usinage (façonneur-plaqueur, perceur et conducteur de centre d’usinage) sont les plus concernés par les départs à la retraite et par des difficultés de recrutement. Jusqu’à présent, les nouvelles recrues à ces postes étaient formées oralement par les personnes qu’elles étaient appelées à remplacer. Une méthode qui s’est révélée inadaptée : « Il y avait une déperdition importante d’information, explique Laure Gautreau. les gens étaient formés de façon inégale et n’assimilaient pas tous bien les connaissances. Nous avons donc voulu formaliser ces savoir-faire. »

Entre 2012 et 2013, les métiers ont été identifiés et « cartographiés » par un groupe de pilotage composé de Laure Gautreau et de trois techniciens méthodes, assistés d’un consultant, Corem Ingénierie. Il leur a été recommandé par Opcalia qui travaille avec ce conseil sur la création de parcours et le suivi de contrats de professionnalisation dans certaines branches. Gautier verse une partie de ses fonds plan de formation à Opcalia pour des projets transversaux, mais son Opca de branche (fabrication de meubles) est Opca 3+.

VALIDATION DES CONNAISSANCES

Les techniciens méthodes ont élaboré les référentiels métiers en collaborant avec des référents techniques, quatre salariés formateurs. L’un d’entre eux, Sébastien Lechaigne, conducteur de centre d’usinage, raconte : « J’ai apporté mes connaissances du métier par des explications, des schémas, des notes. Les techniciens méthodes les ont mises en forme et j’ai vérifié le contenu. » Ils ont ensuite suivi une formation pédagogique de cinq jours, dispensée par Corem Ingénierie, puis les techniciens méthodes ont créé 70 séquences de formation, d’une demi-journée à deux jours chacune.

Volontaires et reconnus pour leurs qualités techniques et leur expérience (avec une ancienneté moyenne de vingt ans), les quatre salariés formateurs dédient une semaine par mois à Cap’Métiers, sans durée d’engagement. Les candidats à la formation, quant à eux, sont désignés par leur responsable d’atelier, qui les positionne sur les séquences techniques correspondant à leurs besoins. Les nouveaux arrivants sont en outre systématiquement formés aux connaissances de l’entreprise et aux règles de sécurité. Dans certains cas, les séquences théoriques sont suivies d’une mise en pratique. Quant à la validation des connaissances, elle est faite soit par un questionnaire, soit au poste de travail par le formateur et le responsable d’atelier du salarié.

Depuis octobre 2014, 120 collaborateurs ont été formés, essentiellement des nouveaux arrivants. Le coût de Cap’Métiers s’élève à 15 600 euros de conseil, financés sur le budget de la direction industrielle, auxquels il faut ajouter le coût de rénovation d’une salle de formation, effectuée elle aussi en interne. Cette opération est hors budget formation (qui s’est monté globalement à 2,38 % de la masse salariale pour l’année 2014) et n’a bénéficié d’aucun fonds mutualisé d’Opca. Pour Jean-Bernard Fachot, DRH, les retours sont positifs : « Les salariés nous ont fait part du sentiment que la direction prenait mieux en compte leurs compétences et ce qui se passe vraiment à leur poste de travail. »

Un avis partagé par Anthony Michardière, opérateur de production d’usinage chez Gautier depuis deux mois : « Ces formations sont intéressantes, car elles sont adaptées à ce qui nous sert au quotidien. »

Cap’Métiers va être élargi très prochainement aux opérateurs de fabrication de panneaux de particules de bois.

Auteur

  • MARIE ALBESSARD