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L’enquête

GRÂCE AUX “PETITS DÉBOULONNÉS”, LES SALARIÉS VIVENT MIEUX LA PARENTALITÉ

L’enquête | publié le : 14.07.2015 | Laurent Poillot

Pour s’attirer les faveurs de salariés qualifiés, difficiles à retenir en zone rurale, la PME ardéchoise a créé une crèche qui accueille aussi les enfants des villages voisins.

Août 2008, Cefem Industries, fabricant de matériel électrique et d’électronique de puissance, ouvre sur son site de Saint-Michel-de-Boulogne, petit village d’Ardèche de 150 habitants, une crèche d’entreprise qui n’a pas d’original que le nom. Les Petits déboulonnés assure 12 places pour les enfants des salariés… et pour ceux des habitants de trois autres villages de la communauté de communes de La Roche de Gourdon, qui n’avaient jusqu’ici aucune structure d’accueil pour la petite enfance. Pour la direction de cette PME de 120 salariés, dont 60 présents sur ce site, la crèche allait pallier ses difficultés d’attractivité vis-à-vis des nouveaux salariés, comme de ceux concernés par une mobilité interne au groupe.

PARTENARIAT PUBLIC-PRIVÉ

La DRH qui a coordonné le projet, Nadine Fangier, raconte que l’initiative d’un partenariat public-privé lui était venue en entendant une annonce du gouvernement, fin 2006, pour encourager le développement des crèches d’entreprise pour les salariés d’hypermarchés tributaires des horaires décalés et à temps partiel. Cefem Industries va non seulement plancher sur l’installation d’une crèche, mais aussi d’un centre aéré pour accueillir, pendant les vacances, les enfants de plus de 5 ans.

Nadine Fangier s’adresse aux partenaires potentiels – élus locaux, caisse d’allocations familiales – avec qui elle doit discuter plusieurs mois. Le Réseau Petite Enfance en Ardèche entre aussi en jeu pour une étude de faisabilité : il recommande de faire gérer la crèche par une société coopérative d’intérêt collectif (Scic), qui permet d’associer des personnes morales et de rapprocher les intérêts publics et privés. Son conseil d’administration réunit, aux côtés de Cefem Industries, un syndicat intercommunal doté de la compétence petite enfance que n’avait pas la communauté de communes (sic), une association de parents chargée des questions techniques (projet d’établissement, règlement intérieur, aménagement de l’espace…) et, enfin, le personnel de la crèche (cinq salariés recrutés dans la région). La gérance de la Scic est confiée à la DRH.

La contribution de l’entreprise permet d’alléger les coûts de structure. Cefem Industries apporte le terrain, ses réseaux électrique et de communication ; elle prend les activités de comptabilité et d’administration des contrats de la crèche. Ainsi, « la directrice est déchargée de tâches administratives qui envahissent d’ordinaire cette fonction ; elle passe plus de temps qu’ailleurs à faire son métier auprès des enfants, de l’équipe et des parents », commente Nadine Fangier.

« Pour les parents, le confort d’organisation est indéniable, affirme-t-elle. Tout le monde se connaissant, on trouve toujours vite une solution quand un enfant tombe malade. » Autre intérêt : « Nous avons une entente avec le réseau des assistantes maternelles pour élargir notre amplitude horaire qui est de 7 heures 30 à 18 heures 30. » En cas d’horaire décalé, une nounou prend le relais de la crèche. La Scic est même intervenue pour s’occuper des nouveaux rythmes scolaires de l’école voisine.

DRH, Nadine Fangier l’est de moins en moins. Car elle a pris aussi la présidence d’un groupement d’employeurs du Sud Ardèche, créé fin 2013 avec onze entreprises et l’aide de la Maison de l’emploi de l’Ardèche méridionale. Bénéfice de cette autre mutualisation : le groupement fonctionne avec 28 adhérents, qui font appel à 18 salariés que les PME ne parvenaient pas à recruter, seules, pour des missions à temps partiel : responsables marketing, qualité, secrétariat polyvalent, comptabilité.

Un budget allégé

La Scic a passé un contrat enfance jeunesse tripartite avec l’intercommunalité et la Caisse d’allocations familiales (CAF). Avec ce montage, elle a pu obtenir 100 000 euros d’aide de la CAF et construire, en six mois, le bâtiment. Et obtenir des financements complémentaires : la MSA et la CAF prennent en charge la prestation de service unique (PSU), sous forme de paiement à l’acte, à hauteur de 4,54 euros de l’heure d’intervention. Le Fonds européen de développement économique et régional (Feder) a contribué également à l’aménagement des locaux. Aujourd’hui, le budget de fonctionnement s’élève à 135 000 euros. Cefem industries finance sept places de crèche, les communes, cinq. Sa dépense est valorisée : « Elle nous ouvre un crédit d’impôt famille correspondant à une réduction de 33 % notre impôt sur les sociétés », explique Nadine Fangier.

REPÈRES

Activité

Fabricant de matériel électronique.

Effectif

120 salariés.

Chiffre d’affaires

5,5 millions d’euros.

Auteur

  • Laurent Poillot