La pauvreté augmente en France comme dans les autres pays d’Europe touchés par la crise. Les associations caritatives ne savent plus où donner de la tête ; les jeunes, les femmes seules avec enfants et certains retraités sont abonnés à la précarité. Rien de très original dans cette description. Là où l’ouvrage de la directrice de la rédaction des publications Agora s’écarte de cette antienne, c’est quand elle prétend que la France est la fabrique de pauvres la plus performante au monde, l’essentiel de l’emploi public étant bloqué dans les mécanismes d’assistance aux plus démunis, au lieu de favoriser la création de richesse. Pour l’auteure, ce système crée d’un côté des rentes de situation pour les fonctionnaires et les politiciens, de l’autre, des trappes à pauvreté pour les “assistés”. Avec 32 % de son PIB consacrés aux dépenses sociales, la France se place au premier rang des pays de l’OCDE sur ce budget.

Outre le fait que l’auteure semble oublier le concept de solidarité, qu’elle n’aborde qu’en rapport avec l’inflation de la dette publique, son discours devient quasi paranoïaque quand elle affirme que l’intérêt des politiciens est de créer de la dépendance, leur audience étant proportionnelle à l’argent qu’ils dépensent. Ce qui pourrait être frappé au coin du bon sens si les précaires, chômeurs et autres – bref, les pauvres – ne constituaient le gros des bataillons abstentionnistes aux élections. Un ouvrage qui devrait plaire à beaucoup puisqu’il flirte en permanence avec les théories du complot, dont on connaît le succès, et propose des solutions individuelles pour sortir indemne du système. Chacun pour soi. Avec brio, il faut bien le reconnaître.