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Les clés

Intégrer la RSE DANS LES PROJETS D’ÉQUIPE

Les clés | publié le : 07.07.2015 | Nicolas Lagrange

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Intégrer la RSE DANS LES PROJETS D’ÉQUIPE

Crédit photo Nicolas Lagrange

Responsabilité sociale et environnementale. Trop souvent oubliés dans la mise en place des politiques de RSE, les managers sont pourtant les artisans essentiels de leur appropriation et de leur réussite. Ce qui implique une formation ad hoc, des outils de communication et des efforts en termes de posture personnelle.

« Inutile de rechercher des actions trop ambitieuses ou de faire de la RSE un simple outil de communication, il faut donner de la matière aux managers avec des actions tangibles, dont les salariés peuvent voir la consistance. » C’est la conviction de Serge Clerens, directeur des opérations de la SHEM, PME hydroélectrique de 320 salariés répartis sur 12 sites dans les Pyrénées, le Lot et en Dordogne. Cette filiale d’Engie (ex-GDF Suez) a fait appel à Vigeo pour savoir où elle se situait en termes de RSE et a mis en place un plan d’action afin de décrocher le label Lucie, une certification exigeante pour les PME.

« Le déploiement des politiques de RSE se heurte souvent à de fortes résistances au changement, en particulier de la ligne managériale intermédiaire, déjà très sollicitée sur de nombreux sujets, explique Hugues Carlier, directeur associé du cabinet Des Enjeux et des Hommes, spécialisé dans le conseil sur le développement durable. Les encadrants pensent souvent que la RSE coûte cher, n’est pas une priorité, doit être gérée par un responsable spécifique, et ils ne voient pas comment la décliner par rapport à leur métier. Tout l’enjeu est de les former et de les aider à réfléchir aux actions à mettre en œuvre à leur niveau, c’est le gage de la réussite. »

Amélioration du cadre de travail, plan de déplacements, meilleure prévention en termes de sécurité et de santé au travail, baromètre social, accompagnement en formation… la SHEM a revisité ces thématiques et sensibilisé sa ligne managériale : « J’attends des managers qu’ils montrent aux salariés le schéma de cohérence dans lequel l’entreprise s’inscrit, indique Serge Clerens. Qu’ils fassent des propositions, qu’ils soient à l’écoute des salariés et des signaux faibles. Mais cela ne fonctionne que si l’équipe dirigeante est pleinement investie. »

« Pour avoir de l’écho et de la crédibilité, le message doit être porté au plus haut niveau de l’entreprise, abonde Brigitte Dumont, directrice RSE du groupe Orange. La RSE, c’est une autre façon de faire du business ; ce n’est pas de la philanthropie ou du discours, c’est un facteur de différenciation et d’innovation. Ce qui suppose d’introduire la notion d’entreprise responsable dans les différentes activités, les processus et outils métiers. » Réduire la consommation d’électricité, mieux recycler les déchets, économiser les impressions papier, rationaliser la flotte automobile : « Les salariés se sentent bien plus concernés par ces objectifs que lorsqu’on leur parle d’ISO 14001, car ils comprennent très vite comment ils peuvent agir eux-mêmes », témoigne Hélène Billon, directrice facilities and mobility management au siège d’Orange, à la tête d’une équipe de 80 salariés.

Le groupe Pernod-Ricard a également décidé cette année de renforcer cette dimension opérationnelle, quatre ans après avoir déployé sa nouvelle politique RSE dans le monde : « Nous avons défini pour chaque fonction ce que la RSE implique, en nous demandant à chaque fois en quoi elle pouvait être utile dans le travail quotidien », explique André Hémard, directeur RSE. « Le défi managérial est d’avoir un dialogue régulier avec les salariés et des actions sur le terrain pour éviter que le soufflé retombe, insiste Nicole Lichius, responsable de la communication de la filiale allemande de Cologne (210 salariés) et référente RSE certifiée. On peut utiliser des vidéos, des présentations, animer des ateliers et mettre à contribution les salariés… » Ce qui a été fait récemment par l’annonce de la distribution de 5 000 dépliants sur les règles de base de la consommation responsable et la promotion d’une application pour évaluer la consommation d’alcool.

Réunion de partage

Chez Orange, Hélène Billon organise des réunions de partage avec ses collaborateurs tous les trois ou six mois, en abordant la dimension RSE pour chaque dossier stratégique : « Pour être efficace, il faut aussi incarner la RSE soi-même, par une posture d’écoute, de respect et d’exemplarité. » La perception des salariés sur la RSE, exprimée dans le baromètre social semestriel d’Orange, impacte d’ailleurs le bonus des leaders. « Plus on parle de RSE et plus on multiplie les projets, plus le niveau d’engagement est fort, avec une meilleure performance à la clé, juge André Hémard, sur la foi du baromètre bisannuel de Pernod-Ricard. Nous cherchons donc à ce que les managers s’approprient davantage les résultats, s’inspirent des bonnes pratiques et intègrent plus systématiquement les aspects RSE dans les réunions d’équipe. » Un objectif simple et pourtant ambitieux…

LES CONSEILS DU COACH

MARTIN RICHER

Consultant en RSE, spécialiste de la conduite responsable des transformations

– 1 –

Ne pas ériger la RSE en projet spécifique

Le manager ne doit pas percevoir la RSE comme une nouvelle injonction, un reporting supplémentaire. Au contraire, il doit intégrer les dimensions sociales, sociétales et environnementales dans les projets en cours de déploiement ou de définition. Un déménagement permet, par exemple, d’aborder l’ergonomie, l’accessibilité, les modes de travail et de transport. Un projet de réorganisation doit être précédé d’une discussion sur les aspects charge de travail et santé. En bref, la RSE est un outil d’animation pour le manager afin de nourrir son projet d’équipe.

– 2 –

Démontrer l’impact sur le business

La RSE est parfois hors-sol, plaquée, sans rapport avec la stratégie. Il faut matérialiser son utilité pour l’entreprise en choisissant des actions concrètes, en rapport avec l’agenda du manager et ses objectifs business. Il s’agit bien d’un levier d’innovation, efficace pour le développement vis-à-vis des clients et des salariés. Les collaborateurs constatent ainsi que la RSE est l’affaire de tous, pas celle des spécialistes, et constitue un avantage concurrentiel, de plus en plus réclamé par les clients, notamment au travers des appels d’offres.

– 3 –

Rechercher la cohésion d’équipe

Les collaborateurs doivent retrouver dans l’entreprise, des valeurs, des éléments de projet, des aspirations dans lesquels ils peuvent se reconnaître. Pour incarner la RSE, le manager peut intégrer les objectifs de diversité et d’égalité dans ses pratiques de recrutement, de promotion, de rémunération ou encore de formation. La RSE est ainsi un puissant facteur d’engagement, bénéfique en termes d’image et de respect des valeurs affichées.

Auteur

  • Nicolas Lagrange