« Le nouvel entretien professionnel obligatoire empiète sur l’entretien annuel d’évaluation et d’accompagnement (EAEA) », constate Nathalie Thouvenot, responsable des ressources humaines de la Carsat Centre. Depuis 2004, cet organisme de sécurité sociale met en œuvre ce dispositif conventionnel qui permet d’évaluer le travail de l’année écoulée, de définir les objectifs et les perspectives de l’année suivante, de faire un point sur les souhaits de formation, mais également d’évoquer le projet professionnel du salarié, qu’il soit interne ou externe.

En attendant que des négociations nationales au niveau de l’Union des caisses nationales de sécurité sociale (Ucanss) clarifient la finalité de ces deux entretiens, la Carsat Centre s’organise. L’entretien professionnel aborde de façon spécifique le projet professionnel. Il fait l’objet d’une invitation, d’un temps d’échange et d’un compte-rendu particuliers. Il se déroule soit à la suite de l’entretien annuel, soit distinctement. Le salarié garde toujours la possibilité d’évoquer rapidement son projet lors de son EAEA. Le compte-rendu d’entretien professionnel est signé par les deux parties. Son contenu est exploité par la DRH, afin d’identifier les projets et les suites à leur donner. Pour l’heure, 230 des 750 collaborateurs en ont bénéficié, et tous doivent l’avoir passé avant la fin de l’année 2015.

Afin de soulager les managers « déjà très sollicités », la charge est répartie entre les 90 managers et les quatre personnes de la direction des ressources humaines. C’est ainsi que les RH traitent les salariés ayant mentionné un projet d’évolution professionnelle au cours de leur dernier EAEA, ceux n’ayant pas suivi de formation depuis quatre ans, ceux de retour d’une absence supérieure à trois mois, les salariés qui ont 45 ans dans l’année (en application d’un protocole d’accord sur les secondes parties de carrière) et, enfin, ceux qui auront 59 ans et plus au 1^er janvier 2016. « En effet, de par son métier, la Carsat se fait fort d’accompagner les salariés qui vont cesser leur activité, notamment par des préparations à la retraite », précise Nathalie Thouvenot. Les cadres supérieurs sont quant à eux reçus par le directeur général.

Pour les autres salariés, les managers n’ont pas reçu de formation spécifique, mais bénéficient « d’une présentation complète du dispositif, de la réforme dans laquelle il s’insère, et d’un outillage complet : trame d’entretien détaillant notamment le projet et les moyens à mettre en œuvre pour le concrétiser, guide de réalisation de l’entretien élaboré par la DRH… », précise Odile Nevert, responsable du service contrôle à la Carsat Centre. Un outil informatique dédié, développé en interne, permet de saisir en direct les éléments de l’entretien et de les faire remonter à la DRH, en particulier les souhaits de formation.

À cet égard, l’élaboration du plan de formation 2016 s’avère difficile si l’établissement veut tenir compte des souhaits exprimés lors des entretiens professionnels. « Aucun problème pour les demandes collectives ou pour les entretiens réalisés jusqu’à la mi-juin, explique Nathalie Thouvenot. En revanche, il est plus compliqué de tenir compte des demandes individuelles exprimées lors des entretiens du second semestre. » En 2014, l’effort formation de Carsat Centre a atteint 3,75 % de la masse salariale, et 531 salariés ont effectué une ou plusieurs formations.

Quoi qu’il en soit, observe Odile Nevert, ce nouvel entretien présente l’avantage de « resituer les collaborateurs dans leur emploi avec une mise en perspective de toutes les actions de formation passées. Ils ont rarement pris le temps de revisiter tout leur parcours. C’est très positif ».