Certains prétendent que l’entretien professionnel va révolutionner les relations de travail comme l’avait fait dans les années 1980 l’entretien annuel d’évaluation. On peut l’imaginer, dès lors qu’il aura trouvé son rythme de croisière, à raison d’un rendez-vous tous les deux ans. En attendant, il reste à résoudre ses modalités pratiques de mise en œuvre. D’un côté, des DRH déjà rompus à l’exercice des entretiens de développement accueillent l’arrivée de l’entretien professionnel sans appréhension ; de l’autre, des services RH qui ont tout à créer. Mais, quel que soit leur degré de maturité, tous auront à l’organiser pour l’ensemble des salariés d’ici à mars 2016. Un défi pour les entreprises qui ne s’y sont pas encore préparées. Car, qui dit évolution professionnelle, mobilités et formations, dit cartographie des compétences du terrain, classification, GPEC, etc. Des outils de pilotage qui ne s’improvisent pas. Autre défi de taille : afin de donner du sens à ce nouveau rendez-vous, il faut former les personnes en charge de l’entretien. Pour l’instant, une majorité d’entreprises a désigné le manager pour tenir ce rôle. Mais celui-ci a-t-il une vision globale de la stratégie de l’entreprise et de ses futurs besoins de qualification ? Est-il à même de repérer les réelles compétences mises en œuvre par le collaborateur ? Et quelle attitude adoptera-t-il lorsque ce dernier exprimera son désir d’évoluer hors de l’entreprise ? Il faudra sans doute patienter jusqu’en 2022, à l’heure du premier bilan, pour savoir si la révolution a bien eu lieu.