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Sur le terrain

RETOUR SUR… La politique de validation des acquis professionnels au groupe Armor

Sur le terrain | publié le : 30.06.2015 | Violette Queuniet

Depuis quatre ans, la société de consommables d’impression mise sur la VAE collective pour renforcer la culture industrielle de ses opérateurs.

Elle s’appelle l’Université Armor mais elle n’a pas grand-chose à voir avec les universités d’entreprise pour cadres méritants. Elle a été créée en 2011 par le groupe Armor pour permettre à des opérateurs peu ou pas diplômés d’acquérir un titre professionnel grâce à une VAE collective. Depuis, cette université a accueilli douze promotions de 10 à 12 salariés chacune, une treizième est en cours.

« L’objectif est de donner une culture industrielle à des opérateurs venus de tous les horizons – bâtiment, confection, agroalimentaire… – pour qu’ils soient préparés aux exigences des métiers de demain », explique Patricia Moriceau, responsable formation. Un souhait du directeur industriel, à un moment où le groupe (2 000 collaborateurs dans le monde dont 693 en France ; 223,4 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2014) entamait une diversification dans de nouvelles activités : le film photovoltaïque de troisième génération et les films collecteurs de courant pour batterie.

Tenir les postes sur ces nouveaux métiers nécessite un bac professionnel. L’entreprise a procédé en deux étapes. Elle a bâti un premier parcours vers le titre professionnel du ministère du Travail de conducteur d’installations et de machines automatisées (Cima), de niveau 5. Puis, trois ans plus tard, un second parcours a mené au titre professionnel de technicien de production industrielle (TPI), de niveau 4 – c’est-à-dire bac pro – accessible à tous ceux qui ont obtenu le Cima.

Chaque parcours comprend une partie formation étalée sur plusieurs mois (10 jours pour le Cima ; 22 jours pour le TPI), suivie de deux jours d’accompagnement à la rédaction du dossier de synthèse des pratiques professionnelles (DSPP) présenté au jury.

Armor s’est fait accompagner par l’Afpa. « Nous avons construit un référentiel formation adapté, formé les formateurs internes, et j’ai coanimé avec eux les formations au démarrage. Nous avons aussi sélectionné sur le site industriel d’Armor les équipements qui permettent l’évaluation des candidats sur toutes les compétences. Ce plateau technique a reçu l’agrément de la Direccte », indique Yannick Manceau, formateur conseil en production industrielle à l’Afpa de Cholet, qui prépare également les candidats à la rédaction du DSPP.

L’Afpa se charge aussi de faire passer les tests préalables aux candidats au parcours Cima, afin d’identifier leurs éventuels besoins dans l’acquisition de compétences clés. Lorsque c’est le cas, ils intègrent un groupe de remise à niveau avant de suivre le parcours de VAE proprement dit. Cela a été le cas pour 20 % des candidats.

Des bénéfices multiples

L’investissement d’Armor dans la VAE collective a porté ses fruits : sur les 104 candidats au Cima, 102 ont obtenu le titre professionnel complet, deux ont réussi un CCP (certificat de compétences professionnelles) sur les deux qui composent le titre. Quant aux dix candidats de la première promotion TPI (la deuxième est en cours), ils ont tous obtenu le titre.

Pour la direction, les bénéfices de la VAE collective sont multiples : « Elle a développé la cohésion entre équipes, car chaque promotion est volontairement composée d’opérateurs venant de quatre ateliers différents, qui ne se connaissaient pas avant. Cela a créé aussi l’envie de progresser : aujourd’hui, la grosse majorité des collaborateurs qui ont obtenu le Cima veulent passer le TPI », constate Nathalie Rocourt, RRH du pôle industriel.

De fait, alors que l’inscription à la VAE est fondée sur le volontariat, il y a toujours plus de candidats que de places dans chaque promotion. C’est pourquoi l’objectif de départ que s’est fixé l’entreprise – 230 opérateurs au niveau Cima en huit ans – paraît tout à fait atteignable. Délégué du personnel (CFDT) et secrétaire du CE, Loïc Cloarec soutient une démarche qui, « pour une fois, dit-il, se préoccupe du premier collège ». « Cela a changé le panorama, les gens se sentent valorisés. Il y a des collègues qui, à 50 ans, vont passer l’équivalent du bac pro ! » Il constate aussi que, dans la distribution des augmentations individuelles, ceux qui ont fait la VAE sont mieux lotis, ce qui ne le choque pas : « La personne s’investit, c’est un juste retour des choses. »

Sur sa lancée, l’entreprise a ouvert la VAE à un autre public, les préparateurs de commandes, qui peuvent préparer le titre d’agent magasinier (niveau 5), cette fois en partenariat avec l’Aftral (Apprendre et se former en transport et logistique, le nouveau nom de l’AFT-Iftim depuis le 1er janvier 2015). Elle réfléchit également à mettre en place, toujours en VAE, un parcours pour atteindre le TSPI, de niveau bac + 2.

Pour le financement, Armor a bénéficié de l’aide de l’Opca de branche Défi, qui a mobilisé la période de professionnalisation et les fonds VAE. La région Pays de la Loire apporte aussi son écot depuis le début (pour un montant qui n’a pas été précisé), sauf sur le parcours d’agent magasinier, mis en place après la réforme de la formation, et qui bénéficie de l’augmentation des fonds sur la période pro.

Auteur

  • Violette Queuniet