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Canada : Vers la fin des managers intermédiaires ?

Sur le terrain | International | publié le : 30.06.2015 | Ludovic Hirtzmann

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Canada : Vers la fin des managers intermédiaires ?

Crédit photo Ludovic Hirtzmann

De plus en plus de moyennes et grandes entreprises canadiennes se débarrassent de leurs middle managers pour alléger leurs structures décisionnelles et diminuer leurs coûts. Cette tendance est encouragée par la génération Y, qui souhaite plus d’autonomie et moins de niveaux hiérarchiques.

Le management intermédiaire n’a plus le vent en poupe au Canada. L’an dernier, plusieurs grandes sociétés ont décidé de se séparer définitivement de leurs cadres intermédiaires ; la chaîne de grande distribution Sears en a remercié 624 et Wal Mart 200 à son siège de Mississauga, en Ontario. Il en va de même pour les deux majors des télécommunications Bell Canada et Rogers Communications qui, ces dernières années, ont remercié plusieurs milliers de middle managers. Lorsque le géant canadien des cafés Tim Hortons a fusionné avec Burger King, ces cadres ont été les premiers à en faire les frais. Selon l’institut national Statistique Canada, depuis une vingtaine d’années, leur nombre en pourcentage de la main-d’œuvre a chuté d’au moins 25 %!

Pour expliquer ces vagues de licenciements, le Pdg de Rogers Communications, Guy Laurence, a déclaré à la fin 2014 au quotidien The Toronto Star : « Notre objectif est de devenir une organisation plus agile avec des objectifs plus clairs. Les économies seront réinvesties dans la formation. » Le Pdg de Sears Canada, Doug Campbell, a pour sa part précisé au moment de se séparer de son middle management : « Notre structure actuelle conduit à des comportements improductifs et constitue une barrière pour une communication efficace. »

Remise en cause

Plusieurs chefs d’entreprise rejettent la faute sur ces cadres, dont l’utilité dans un contexte de performance et de rentabilité est sérieusement remise en cause. Toutes les grandes sociétés canadiennes, accusées par les syndicats de répondre au diktat d’actionnaires à la recherche de rentabilité immédiate, y trouvent cependant leur compte en termes d’économies salariales. La disparition des middle managers n’est pourtant pas anecdotique au Canada, où les structures et les rapports hiérarchiques sont déjà allégés à l’extrême par rapport à la France.

La supression progressive des structures d’encadrement intermédiaire s’observe aussi dans des entreprises de taille plus modeste, particulièrement dans le domaine des hautes technologies, où les plus jeunes ne supportent pas l’autorité d’un chef. Déjà, dans l’édition de janvier 2011 de la Harvard Business Review, la professeure de management de la London business school, Lynda Gratton, notait : « Les travailleurs de la génération Y ne voient pas d’intérêt à rendre des comptes à quelqu’un qui se contente de garder la trace de ce qu’ils font, alors que ceci peut être effectué en grande partie par eux-mêmes, leurs collègues ou une machine. » Et de préciser que cette génération « valorise le coaching et le mentorat ». La diminution drastique des middle managers a toutefois un impact imprévu. Caroline Biron, professeur de management à la faculté des sciences de l’administration de l’université Laval, confie : « Même si plusieurs compagnies rationalisent les effectifs et que les gestionnaires de premier niveau ou supérieurs immédiats – line managers et middle managers – sont affectés par ces coupures, leur rôle n’en demeure pas moins important, car on constate une augmentation de l’exposition aux risques psychosociaux », avant de préciser que « plusieurs études démontrent que le soutien du supérieur immédiat favorise une bonne santé psychologique parmi le personnel ». La disparition du middle management aurait eu ainsi pour conséquence une augmentation des problèmes de stress au travail.

Si ces cadres semblent voués à prendre leur retraite anticipée, la prise en compte de la dégradation de la santé au travail pourrait bien ralentir leur départ.

DANS LES MÉDIAS

Radio-Canada. Les agences d’intérim paient mal

Agences de placement : travail égal, salaire tronqué, titre le site Web de Radio-Canada au-dessus d’un long article consacré aux méthodes peu orthodoxes de certaines agences d’intérim de l’Ontario. À travail égal, alors qu’un salarié touchera un salaire de 20 dollars de l’heure, l’intérimaire ne percevra dans certains cas que 11 dollars de l’heure, soit le salaire minimum. Les revenus des agences ont, quant à eux, doublé dans les dix dernières années. 18 juin 2015. Radio-Canada, principale radio et télévision publique francophone du Québec.

Les Affaires. Un bus de l’emploi estival pour les jeunes

Au Canada, les offres d’emploi se déplacent jusque chez les jeunes. Les Carrefour jeunesse emploi, organismes d’aide à l’emploi de la ville de Montréal, ont créé un autobus de l’emploi, le Roulo-Boulo, qui se déplace dans les quartiers pour proposer des offres d’emploi locales aux jeunes de 16 à 35 ans, mais aussi un service d’entrepreneurship. Signe des temps dans ce pays au chômage faible : ce sont les employeurs qui cherchent désespérément des candidats plutôt que l’inverse. 17 juin 2015. Les Affaires, hebdomadaire économique.

Auteur

  • Ludovic Hirtzmann