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ESPAGNE : IBERDROLA, PIONNIER DE L’EQUILIBRE DES TEMPS

Sur le terrain | International | publié le : 23.06.2015 | Valérie Demon

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ESPAGNE : IBERDROLA, PIONNIER DE L’EQUILIBRE DES TEMPS

Crédit photo Valérie Demon

Dans un pays où la culture de la présence au travail est forte, l’initiative du groupe d’équipement électrique reste rare. Il propose en effet un horaire continu de 7 h 15 à 15 h 30. L’entreprise, qui renégocie son accord, en dresse un bilan favorable.

Peu importe le jour de la semaine. La plupart des employés d’Iberdrola, entreprise électrique de 9 000 personnes, quittent le travail au plus tard à 15 h 30. Ce n’est pas pour la coupure déjeuner, leur journée est terminée. Mis en place fin 2008, cet horaire de travail fait partie de la politique de conciliation entre vies privée et professionnelle.

À l’époque, Iberdrola lance cette mesure pionnière dans un pays où l’horaire continu, sans pause, ne concerne que les mois d’été. Modesto Fernandez Antunez, secrétaire général du syndicat Commissions ouvrières chez Iberdrola, se souvient encore de son étonnement. Il négociait alors l’accord d’entreprise. Et voulait proposer que l’horaire d’été, appliqué de juin à août, commence dès le 15 mai pour se terminer le 15 septembre. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’Iberdrola lui proposa un horaire continu toute l’année. « Il s’agissait vraiment d’une idée innovante pour une entreprise privée de cette taille », reconnaît Modesto Fernandez.

Concrètement, la journée de travail dure 7 h 36, avec un horaire d’entrée et de sortie flexible, entre 7 h 15 et 15 h 30 (soit 39 minutes de marge), alors que les horaires antérieurs s’étalaient entre 8 h 30 et 13 h puis entre 14 h et 17 h 30. Une organisation facile à mettre en place pour les centres importants et composés essentiellement de bureaux.

Des adaptations

Mais il fallait trouver une autre solution pour les usines de production, les parcs éoliens, etc., où le personnel est nécessaire toute la journée. Ces salariés doivent donc travailler le matin et l’après-midi une semaine par mois. Les trois semaines restantes, ils peuvent profiter des horaires continus.

« Mais cette nouvelle organisation des horaires cachait une autre réalité, difficile à accepter pour les syndicats », révèle Modesto Fernandez. Les salariés devaient travailler 40 heures supplémentaires dans l’année, soit 7,36 minutes de plus chaque jour. « La majeure partie des grands établissements a mis la pression pour que nous acceptions l’accord. La perspective de sortir à 15 h 30 plaisait à beaucoup de salariés. Même dans les villages plus petits, où l’employé travaille près d’une usine et n’est donc pas si gêné de rentrer déjeuner chez lui, les nouveaux horaires ont vite gagné des adeptes, explique le syndicaliste. Syndicalement, c’était difficile à accepter, car travailler 40 heures de plus par an est un retour en arrière. Certes, nous travaillons moins que la moyenne du secteur : 1 672 heures à l’année contre 1 680 à 1 690 heures dans les entreprises similaires. Et, pour la majeure partie des employés, les minutes supplémentaires chaque jour restaient presque imperceptibles. »

Plus de cinq ans après cet accord, direction et syndicats se montrent très satisfaits. « Iberdrola a gagné 500 000 heures par an en productivité. Les accidents et les absences se sont réduits de 10 % », indique la compagnie, qui avait relevé que 25 % des accidents se produisaient dans l’après-midi, après la pause déjeuner. « Entre les déplacements et une attention moindre après les repas, les accidents était plus fréquents. Ne plus travailler après déjeuner a donc contribué à diminuer les accidents », relève Modesto Fernandez.

Syndicats et direction des RH négocient actuellement le nouvel accord d’entreprise. « Nous aimerions que cette marge de 39 minutes d’horaire flexible atteigne 45 minutes. Cela peut être utile pour les employés déposant leurs enfants à la garderie, par exemple. Ou pour ceux qui s’occupent d’un proche âgé », explique Modesto Fernandez.

Iberdrola reste toutefois encore un îlot face au reste des entreprises privées espagnoles. La question de la conciliation entre vie privée et vie professionnelle demeure complexe en Espagne, en raison des pauses déjeuners longues entre 14 h et 16 h 30 et d’une culture de la présence. « Certaines entreprises tentent d’implanter les horaires continus, mais non sans difficultés », conclut Modesto Fernandez.

DANS LES MÉDIAS

EXPANSIÓN. Un désir de changement

Selon une enquête réalisée par Edenred et Ipsos dans 14 pays européens, 40 % des employés espagnols songent à quitter leur entreprise. Un chiffre élevé mais toutefois inférieur à celui de l’an passé (54 %). En revanche, le nombre de salariés préoccupés par le temps passé au travail atteint 25 %. 11 juin 2015. Expansión, quotidien économique diffusé à 28999 exemplaires.

CINCO DíAS. Une aide pour les chômeurs

L’aide pour les chômeurs sans allocation depuis six mois, mise en place depuis le 15 janvier, ne rencontre pas beaucoup de succès. Cette aide, de 426 euros, allouée pendant un maximum de six mois, a bénéficié jusqu’à la fin du mois d’avril à presque 44 000 chômeurs. Ce plan durera jusqu’en avril 2016. Selon les calculs, peu de chômeurs devraient donc en bénéficier d’ici là, en tout cas beaucoup moins que les 400 000 personnes prévues par le gouvernement. 10 juin 2015. Cinco Días, quotidien économique diffusé à 26 655 exemplaires.

Auteur

  • Valérie Demon