L’évaluation professionnelle se réduit souvent à un système de sanctions-récompenses. Elle participe alors de l’idéologie méritocratique, qui revient à trier les individus selon un mérite dont on ne sait pas exactement en quoi il consiste. Le plus souvent, ceux à qui est offerte l’opportunité de trier les autres sont eux-mêmes sortis vainqueurs du passage par le tamis de l’école et de l’évaluation professionnelle : le haut du panier. L’auteur, cofondateur d’un cabinet de conseil RH, rappelle que l’entreprise n’a besoin ni de classement ni de tribunal interne, mais nécessite un système de suivi personnalisé des salariés.

Il ne s’agit donc pas de disqualifier des performances comme non conformes aux objectifs, mais de qualifier chaque individu dans sa manière d’être par rapport aux services qu’il peut rendre au collectif. L’évaluation professionnelle constitue un terrain de compréhension des comportements individuels et de relation de l’individu à son environnement professionnel. C’est un moment qui responsabilise chacun et qui permet à l’évaluateur de nourrir cette confiance en soi de l’autre, qui l’aidera à donner du sens à ce qu’il fait dans une culture collective fondée sur la reconnaissance. L’évaluation dépasse le test, le repérage, la validation. L’évaluateur engage sa responsabilité dans l’évaluation, mais il doit mettre son ego entre parenthèses pour se centrer sur l’autre. La question fondamentale n’étant pas « sommes-nous pareils », mais « pouvons-nous évoluer ensemble ? ».