Dans notre précédent baromètre Défis RH, en 2014, nous constations un regain d’optimisme des DRH. La tendance se confirme cette année, pour la sixième édition de notre sondage exclusif auprès de la fonction RH, réalisé par Inergie en partenariat avec l’ANDRH. Si l’année écoulée est restée dominée par des « pratiques de rigueur », constate Luc Vidal, directeur général adjoint d’Inergie-groupe Obea, en charge du pôle opinion, les mois à venir s’annoncent meilleurs. Recours à l’intérim, plan de recrutement, gel des embauches, gel des salaires : « Il n’y a plus un seul indicateur au rouge », se réjouit Jean-Paul Charlez, président de l’ANDRH et DGRH d’Etam (lire p. 25). Le climat social s’améliore également et, pour la première fois depuis 2011, il y a autant de DRH optimistes sur la météo sociale des mois à venir que de pessimistes (lire p. 26). Mais il ne s’agit là que d’intentions, qui n’ont (pour le moment ?) aucune traduction concrète dans l’indicateur que tout le monde scrute, celui du chômage.

Les pouvoirs publics, que les DRH jugent à l’aune de l’efficacité, peuvent néanmoins garder espoir. Nous avons également sondé les DRH sur plusieurs aspects des politiques publiques (lire p. 28). Or, selon eux, certaines réformes entreprises ces dernières années ont démontré leur utilité. Ainsi en est-il de la rupture conventionnelle, désormais généralisée. Tout comme le rapport de situation comparée, en voie de l’être, sans doute grâce à la menace des sanctions financières. De même, l’obligation de diagnostiquer les risques dans la déclaration unique amène les entreprises à renforcer leurs actions de prévention. Ce qui fait dire à Luc Vidal que « le sujet est sous contrôle ».

Les baisses de charges du pacte de responsabilité sont réellement ressenties, témoignent les DRH. Et, si elles ne se traduisent pas encore par des emplois, au moins relancent-elles les investissements.

Le plus gros point noir est l’emploi des seniors. Malgré les contrats de génération, ils continuent d’être une variable d’ajustement des effectifs. Pire, les entreprises préfèrent surpayer des préretraites plutôt que de garder leurs salariés âgés. Quant à en embaucher… Pour Rodolphe Delacroix, directeur chez Towers Watson et auteur d’un livre sur le sujet(1), c’est toute la politique nationale et de branche qu’il faut revoir (lire p. 29).

Autre gros point noir, le compte pénibilité. Au moment où nous avons interrogé les DRH, entre mars et avril, seuls 20 % se disaient disposés à le mettre en place ; 80 % attendaient les mesures de simplification, finalement intervenues en mai.

D’autres réformes sont source d’incertitudes. L’alternance ne se porte pas bien, malgré le relèvement du quota de 4 % à 5 %. Quant à la réforme du financement de la formation, elle n’aurait pas d’incidence sur la capacité des entreprises à maintenir leur politique dans ce domaine, disent les DRH. Sauf que les plans de formation 2015 ont été établis selon l’ancienne logique. Qu’en sera-t-il l’année prochaine ? Nous avons également demandé aux DRH de s’extraire de l’actualité pour réfléchir aux enjeux de leur fonction : l’accompagnement des managers et des réorganisations en restent les principaux. Mais la question de l’attraction et de la fidélisation des nouveaux salariés les intéresse de nouveau. Comme s’ils se préparaient à une compétition… De bon augure.

E. F.

• 60 % travaillent dans les services ; 34 % dans l’industrie ; 5 % dans les administrations ou les services publics.

• 50 % travaillent dans des entreprises de moins de 500 salariés ; 20 % entre 500 et 1 000 ; 10 % entre 1 000 et 2 000 ; 19 % dans des entreprises de plus de 2 000 salariés.

• 58 % des DRH sont membres du codir.

• 61 % des DRH ont moins de cinq ans d’ancienneté dans la fonction au sein de l’entreprise ; 29 % ont même moins de deux ans d’ancienneté.

Le sondage Défis RH a été réalisé par Inergie auprès de 210 professionnels de la fonction RH [DRH (49 %), RRH (22 %) et autres fonctions RH (27 %)], adhérents de l’ANDRH, entre le 16 mars et le 10 avril 2015.