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ÉTATS-UNIS : AUTISTES : LEURS COMPÉTENCES SONT RECHERCHÉES

Sur le terrain | International | publié le : 16.06.2015 | Caroline Talbot

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ÉTATS-UNIS : AUTISTES : LEURS COMPÉTENCES SONT RECHERCHÉES

Crédit photo Caroline Talbot

Plusieurs groupes américains lancent des programmes de recrutement de personnes autistes, qu’on dit soucieuses du détail et bonnes analystes des données chiffrées. Pour renforcer l’initiative, certaines entreprises ont mis à leur tête des salariés concernés.

L’industrie high tech américaine entrouvre ses portes aux autistes talentueux. Microsoft a annoncé son intention d’embaucher des autistes et des jeunes atteints du syndrome d’Asperger. Un programme pilote a été lancé début mai à Redmond, près de Seattle. Mary Ellen Smith, vice-présidente de Microsoft et mère de Shown, un étudiant de 19 ans autiste, supervise l’expérience. Microsoft s’attaque ainsi à un problème de plus en plus aigu aux États-Unis. Le Center for Disease Control and Prevention estime qu’un enfant américain sur 68 présente certains signes d’autisme.

Microsoft annonce ses intentions

Les intéressés peuvent être brillants à l’université, mais leurs interactions avec la société sont médiocres et ils ne trouvent pas facilement un emploi. La moitié seulement des jeunes de 21 à 25 ans en ont un, selon le Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry. Les autistes ont pourtant beaucoup à apporter à l’entreprise, assure Jose Velasco, responsable de l’initiative autisme chez SAP aux États-Unis : « Ils aiment développer les logiciels, sont persévérants, ont le sens du détail et repèrent vite les aberrations lorsqu’ils analysent des statistiques », raconte ce père de deux autistes.

Derrière chaque programme centré sur les autistes se cache un proche. « Ne sous-estimez jamais le pouvoir d’un parent passionné », plaisante Timothy Weiler, directeur du talent dans le cabinet de conseil Towers Watson. Ces parents se renseignent et défendent la bonne cause auprès des entreprises. Bien avant Microsoft, il y a eu SAP (lire Entreprise & Carrières n° 1159), Towers Watson et l’expert en conseil stratégique Oliver Wyman.

Un regroupement d’experts danois

La démarche semble toujours la même. On se renseigne auprès de Specialisterne, un regroupement d’experts danois fins connaisseurs du talent potentiel des autistes. Ils savent identifier les candidats prometteurs, les former et les conseiller. Specialisterne guide les agences locales qui interviennent dans les programmes pilotes. Le pionnier SAP a recruté 53 autistes depuis 2012 et table sur une centaine d’embauches d’ici la fin de l’année. Jose Velasco concentre ses efforts à Palo Alto en Californie et Philadelphie en Pennsylvanie. Avec l’aide des services sociaux de ces États et deux partenaires, Expandability et l’Arc, SAP a recruté 6 candidats parmi 24 prospects. Pas d’entretien d’embauche, de regard droit dans les yeux et de fermes poignées de main pour les intéressés, mais plusieurs semaines d’observations et d’échanges. Les prospects ont reçu une formation en communication pour mieux partager avec les autres, puis ils ont travaillé avec des legos, testé des logiciels, construit un projet pour leur futur manager… « Nous avons identifié de grands talents cachés qui nous aideront à innover », conclut Jose Velasco.

Timothy Weiler a recruté l’an dernier 18 saisonniers pour étudier les sondages de Towers Watson, afin de repérer les éléments manquants et les irrégularités. « Ces employés se concentrent sur leurs tâches plus longtemps, le turnover se réduit », dit il. Satisfait de l’essai, Towers Watson lance trois autres projets pilotes pour recruter 6 à 8 candidats permanents dans chaque programme.

Oliver Wyman, de son côté, veut soulager les secrétaires de direction. « Nous cherchions des spécialistes pour gérer les calendriers, les voyages, le décompte des notes de frais, explique Nathalie Vanheusden, la responsable du projet. Cela a été un grand succès. Trois candidats ont été embauchés à New York. Les calculs de dépenses qui se faisaient en plusieurs semaines sont bouclés aujourd’hui en deux ou trois jours. » Oliver Wyman va exporter son programme à Londres puis à Varsovie, Paris, Singapour.

Pour assurer la réussite, avertissent les parents recruteurs, mieux vaut bien entourer le nouveau venu, avec un manager, un collègue bienveillant, des volontaires, un coach de vie. C’est la meilleure façon de découvrir les talents cachés et de les garder.

DANS LES MÉDIAS

NEW YORK TIMES. Disney embauche des immigrants

Le parc Walt Disney à Orlando, en Floride, a remercié 250 informaticiens, programmeurs… remplacés par des immigrants indiens moins coûteux que leurs prédécesseurs ont formés avant de partir. Disney a sous-traité l’affaire avec le consultant HCL America, qui a fourni aux nouveaux venus des visas de travail H1B pour personnels hautement qualifiés alors que, normalement, les bénéficiaires du H1B ne doivent pas prendre le travail d’un Américain. Le gouvernement accorde 85 000 visas H1B par an. 4 juin 2015, New York Times, quotidien généraliste.

WALL STREET JOURNAL. Patrons et dockers négocient

Les représentants des ports de la côte Est et du golfe ont entamé les négociations salariales avec le syndicat des dockers, International Longshoremen’s Association, représentant 15 000 travailleurs… trois ans avant l’expiration du contrat en cours. L’objectif de la United States Maritime Alliance, l’organisation patronale, est d’éviter les huit mois de conflit que la profession a connus sur la côte Ouest. En préliminaire : assurance santé et compensations pour la perte d’emplois due à l’automatisation… 2 juin 2015, Wall Street Journal, quotidien économique.

Auteur

  • Caroline Talbot