Le programme Desi (Dual education system Italy), inspiré de la formation duale en Allemagne, prévoit une formation sur deux ans. Il est destiné aux jeunes de moins de 25 ans résidant en Émilie-Romagne. Les premières entreprises à avoir mis en œuvre un tel projet en Italie sont Ducati et Lamborghini (groupe Audi, filiale de Volkswagen). « Desi a été conçu d’abord pour donner une chance à des Neet [Not in employment, education or training], c’est-à-dire à des jeunes sans emploi et hors du système scolaire », explique Luigi Torlai, DRH de Ducati, où travaillent 1404 salariés. Les 40 étudiants qui participent au programme ont été sélectionnés sur concours et sont âgés de 20 à 24 ans. Tous ont suivi un enseignement technique, mais ils ont interrompu leurs études avant le baccalauréat. Parmi eux, 39 % sont issus de familles défavorisées.

« Outre une bourse d’études de 600 euros par mois, Ducati et Lamborghini offrent le matériel didactique, un abonnement annuel pour les transports. Les repas du midi sont également pris en charge », spécifie Luigi Torlai.

Financé à hauteur de 2,5 millions d’euros par la fondation Volkswagen et de 1 million par le groupe Audi, ce projet est réalisé en collaboration avec le ministère italien de l’Instruction, de l’Université et de la Recherche et le conseil régional de l’Émilie-Romagne.

« Desi fait partie d’une stratégie globale de responsabilité sociale d’entreprise », souligne Stephan Winkelmann, président de Lamborghini Automobile, qui emploie 1175 personnes et va recruter 500 nouveaux employés pour la production du SUV Urus (4x4 de luxe). Et Stephan Winkelmann de poursuivre : « Notre stratégie, comme celle de Ducati, est fondée sur trois piliers : l’économie, la société et l’environnement. Desi vise à accroître les compétences professionnelles des jeunes en les immergeant dans la culture d’entreprise. Former, conclut-il, cela nous donne un avantage compétitif, aussi bénéfique pour l’individu que pour l’entreprise. »

La première phase d’enseignement didactique (de 750 heures) s’est déroulée à partir du mois de septembre 2014 dans deux établissements d’études secondaires de Bologne, les Instituts techniques Aldini-Valeriani et Fioravanti Belluzzi. « Cela n’a pas été facile pour les participants au programme Desi de reprendre leur scolarité et de se retrouver en classe avec des élèves de 16 ou 17 ans, reconnaît le DRH de Ducati, mais ils ont été bien soutenus par leurs enseignants qui ont suivi des formations didactiques spécifiques. »

Depuis la fin mars 2015, les étudiants ont entamé leur parcours de formation pratique (750 heures également), soit dans l’usine Ducati à Bologne, soit dans celle de Lamborghini à Sant’ Agata Bolognese. Dans chaque centre de formation in situ, ils sont encadrés par deux instructeurs et un coordinateur. Les instructeurs ont effectué chacun, en 2014, un stage de deux mois au centre de formation Audi en Allemagne, sur le site d’Ingolstadt.

« Nos étudiants ne sont pas employés sur les chaînes de montage, ils sont là pour apprendre, pour acquérir une formation très solide », tient à préciser Luigi Torlai. Ils sont formés pour trois types de poste : mécatronicien automobile ou moto et technicien CNC (maintenance sur machines-outils à contrôle numérique).

À l’issue de leur formation, en juin 2016, tous devraient obtenir leur baccalauréat technique (option maintenance et assistance technique) ainsi qu’un certificat Ducati ou Lamborghini attestant leur qualification. « Un quart d’entre eux seront embauchés par l’une des deux marques, tandis que les autres seront recrutés par d’autres entreprises de la région », détaille Luigi Torlai.

Le programme Desi va se poursuivre. Il sera moins coûteux pour Lamborghini et Ducati. En effet, une bonne partie des fonds privés a servi à créer les nouveaux centres de formation in situ. Par ailleurs, la région Émilie-Romagne s’est engagée à financer les prochaines bourses d’études (2016-2018) ainsi que le matériel scolaire et les transports en commun.

L’enseigne de supermarchés SMA (groupe Auchan) a trouvé un accord avec les syndicats pour sauvegarder l’emploi des 9 000 salariés des 217 magasins en Italie. Jusqu’à la fin 2016, en échange de la garantie de préserver leur emploi, les travailleurs ne recevront plus leur prime de progrès (2015 et 2016). Dans l’attente de l’amélioration de la situation financière et afin de réduire les coûts d’exploitation, devenus insoutenables, SMA prévoit aussi une réorganisation des horaires de travail. 31 mai 2015. Il Sole 24 0re, quotidien économique.