LES INSUFFISANCES DU DROIT DE L’ÉGALITÉ ENTRE HOMMES ET FEMMES comme celle de l’égalité entre les autochtones et les personnes issues de l’immigration tendent à faire émerger le concept de diversité pour pallier l’hiatus entre une égalité en droit et une inégalité de fait entre les citoyens. Force est d’ailleurs de constater que les préjugés sociaux sont cumulatifs et qu’être à la fois une femme et issue de l’immigration compromet plus encore les chances d’accès à l’emploi et à une carrière intéressante. Pourtant, pour l’auteure, chargée de recherche au CNRS (Cevifop) et membre du Programme de recherche et d’enseignement des savoirs sur le genre (Presage), la notion de diversité permet de récupérer l’idée de différence, non pour la contester ou la relativiser mais pour en tirer profit au nom d’une plus grande ouverture à l’altérité de l’organisation publique ou des entreprises, et d’une puissance imaginaire et innovante plus large. Les démarches de diversité ne reviennent donc pas sur les préjugés attachés aux genres ou à l’origine, mais entendent en tirer profit au nom de la complémentarité qu’elles permettent d’introduire dans le champ en question, politique ou économique. L’auteure dénonce évidemment de telles démarches « sous condition de performance », qui reviennent à marchandiser l’égalité et à figer le débat théorique au nom de la realpolitik.