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L’enquête

PROTECTION SOCIALE : PROGRAMMES SANTÉ : LES ASSUREURS complètent l’offre

L’enquête | publié le : 09.06.2015 | Virginie Leblanc

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PROTECTION SOCIALE : PROGRAMMES SANTÉ : LES ASSUREURS complètent l’offre

Crédit photo Virginie Leblanc

Les organismes de prévoyance santé sont sur le pont pour affiner leurs offres en matière de prévention.Ils se positionnent de plus en plus sur un accompagnement global des salariés sur le champ de la santé et des services. Il s’agit de se différencier sur un marché en plein bouleversement, lié à la généralisation des complémentaires santé.

Depuis début 2015, Harmonie Mutuelle propose aux salariés de ses adhérents l’accès à l’application Betterise, cofondée par le médiatique animateur et médecin Michel Cymes. Un programme d’accompagnement au quotidien, personnalisé, et portant sur un grand nombre de thématiques de santé : activités physiques, nutrition, troubles musculo-squelettiques, mal de dos, stress, sommeil, tabac… Compatible avec les objets connectés.

En avril, Itelis, société d’ingénierie et de services en santé détenue par Axa et Humanis, lançait Connect@aide, un service pour la prévention et le soutien, qui vise à permettre aux organismes de complémentaire santé de proposer à leurs clients entreprises une application Webmobile et une ligne téléphonique dédiées permettant à leurs salariés d’accéder à des experts. En avril également, Axa France et Smartsanté déployaient Santésens, un service de prévention des facteurs de risque cardiovasculaire pour les salariés, qui leur donne « la possibilité de s’auto-évaluer sur un logiciel expert, d’apprécier leur niveau de risque et de suivre leur état de santé. L’utilité de Santésens est que ces facteurs de risque – diabète, hypertension et cholestérol – sont souvent silencieux », explique Hervé Franck, directeur en charge de la coordination santé d’Axa France.

En octobre 2015, le groupe AG2R La Mondiale diffusera quant à lui une offre de services de prévention santé dans le cadre de l’Ani pour les salariés et dirigeants d’entreprise. Dénommée Simplisanté, cette application mobile permettra au dirigeant d’accompagner son entreprise et ses salariés en matière de prévention santé et face aux aléas de la vie. Elle sera connectée à une plate-forme d’écoute, de conseil et d’orientation pour répondre aux problématiques de santé détectées lors du diagnostic et également aux problématiques liées à la vie personnelle et professionnelle. « Il s’agit aussi pour nous de simplifier la vie des chefs d’entreprise et de les aider à faire face aux obligations réglementaires », précise Philippe Dabat, directeur général délégué d’AG2R La Mondiale.

APPROCHE GLOBALE

Toutes ces initiatives, même si elles sont dans la continuité de politiques de prévention menées depuis plusieurs années par les organismes de complémentaire santé, renforcent le positionnement des acteurs y compris dans le champ des services aux salariés. Par ailleurs, signale Olivier Ferrère, président de LPSB Conseil : « Dans le cadre de l’élaboration du nouveau plan santé au travail, il y a une réflexion pour voir si la prévention institutionnelle (Carsat, Aract, INRS, ndlr) peut bénéficier des actions déjà menées par les organismes de protection sociale. »

« L’ANI a beaucoup nivelé les garanties, la différenciation se fera forcément sur l’offre de services », commente Marie-Christine Eudes, directeur de l’offre du groupe Apicil. Depuis 2011, le groupe de protection sociale lyonnais s’est investi sur la santé au travail, et a produit en 2012 un livre blanc fruit de ses expérimentations (lire Entreprise & Carrières n° 1093) avec des entreprises comme Arkoon et Apave.

« En 2014, sur l’ensemble des périmètres de la santé physique, psychique, de l’organisation du travail et de la conciliation entre vie privée et vie professionnelle, nous avons lancé un programme original global », poursuit Marie-Christine Eudes. Il peut s’adresser tant aux travailleurs non salariés qu’aux TPE et aux entreprises de plus grande taille. Grâce aux résultats d’un questionnaire de santé restitué à l’employeur – et dont les données sont gérées par le cabinet Plein Sens dans le respect de l’anonymat –, un plan d’action est proposé autour des axes sur lesquels il souhaite travailler. « Des salariés d’Apicil appartenant au département action sociale pilotent les plans d’action avec les parties prenantes, et nous prévoyons une nouvelle mesure de la situation pour voir si les actions sont efficientes, précise Marie-Christine Eudes. Mais l’objectif est de rendre l’entreprise autonome sur ces sujets. »

Plusieurs sociétés, dont Arkoon, Botanic et Aldes se sont lancées dans l’expérimentation de ce programme “Ambition santé” (lire p. 26). Le DRH d’Aldes, José Félix, a été particulièrement séduit par l’approche globale proposée par l’institution de prévoyance, qui travaille avec plusieurs partenaires : Mozart Consulting, (promoteur de l’indice de bien-être au travail Ibet), la société Deux Points Cinq (programme Ma santé, je m’en occupe !), et le cabinet Plein Sens. À titre d’exemple, le DRH souligne l’intérêt de l’enquête réalisée par le cabinet Plein Sens, « qui nous permet de nous comparer avec des données générales concernant l’ensemble de la population via des enquêtes nationales de référence. » Et ceci pour un coût modique, le coût de consulting revenant à Apicil.

DÉTECTER LES PROBLÉMATIQUES SPÉCIFIQUES

Défenseur d’une politique active de gestion du risque, Malakoff Médéric s’est fortement positionné sur les plans de prévention santé et l’accompagnement des entreprises : baromètre santé et bien-être, formations, service d’évaluation de la santé personnalisé, ateliers de prévention, etc. « Le contexte de l’ANI et du développement des accords de branche est l’occasion de pousser notre marque de fabrique, souligne Christophe Scherrer, directeur du développement de Malakoff Médéric. Notamment lorsqu’il s’agit de marquer sa différence sur les programmes dédiés aux branches. Depuis un an et demi, avec la création de notre observatoire de branches, nous leur offrons la possibilité de disposer paritairement d’un outil d’investigation auprès de leurs salariés pour détecter leurs problématiques spécifiques de santé et proposer des programmes ad hoc. » Depuis 2014, Malakoff Médéric a gagné 14 appels d’offres dans l’industrie, les services et le secteur médico-social : « Nous avons la conviction que notre approche innovante y est pour beaucoup », ajoute le responsable. Le groupe lancera prochainement une nouvelle offre, sorte de “programme chapeau” pour proposer différents services.

« Depuis au moins 15 ans, nous développons, principalement vers nos adhérents, des services et actions de prévention avec plusieurs niveaux d’offres », rappelle Florence Condamin, directrice à la direction de la prévention et de la promotion de la santé d’Harmonie Mutuelle. Le programme « La santé gagne l’entreprise » comprend quant à lui trois niveaux de services : tout d’abord, l’information et la sensibilisation à travers des outils intitulés “zooms prévention” – les plus utilisés – qui permettent la sensibilisation des entreprises avec des affiches, des guides remis aux salariés, des quiz, la mise à disposition d’articles pouvant être mis en ligne sur l’extranet de l’entreprise, sortes de boîtes à outils sur des sujets tels que la gestion du stress, les TMS, les addictions, l’activité physique… Ensuite, des « rendez-vous prévention », sous forme d’ateliers ou de formations proposés aux salariés. Enfin, pour les moyennes et grandes entreprises, un diagnostic santé avec un questionnaire individuel anonyme traité par un prestataire, qui réalise une photographie du niveau de santé et des risques pour bâtir un plan de prévention. « Dans notre palette d’outils, c’est le moins utilisé, car il nécessite davantage d’implication de la part de l’entreprise », commente Florence Condamin.

Sur le site internet d’Harmonie Mutuelle, Vincent Dussac, le DRH de l’équipementier automobile Inergy souligne l’intérêt du partenariat avec sa mutuelle, notamment pour les questions de santé qui ne sont pas en lien avec ses métiers et sur lesquels il peut s’appuyer sur cette expertise extérieure.

Humanis, adhérent d’Adéis, mise aussi sur sa présence dans le champ de l’action sociale et de la prévention. Avec le succès de son programme dénommé “Humania” avec Auchan, le groupe entend bien par la suite proposer ce même type de prestation aux entreprises.

« La différenciation entre les acteurs va se jouer sur la prévention et/ou les services », estime Vincent Lequenne, directeur associé chez Kadris Consultants, qui a réalisé une étude portant sur les 25 acteurs les plus importants du marché sur quatre thèmes : l’assistance, la prévention, les services en ligne et les applications mobiles. Il juge leur niveau d’innovation faible, mais reste persuadé de l’implication croissante des organismes de complémentaire santé sur tous ces sujets.

DES OUTILS DE SUIVI À DÉVELOPPER

« La difficulté demeure de trouver le modèle économique », observe Vincent Lequenne. Dans les premiers mois d’application de son programme, Apicil constate une diminution du taux d’absentéisme. Mais « il faudra aussi développer à l’avenir des outils de suivi et d’objectivation de ce que ces actions peuvent rapporter à l’entreprise et aux salariés, reconnaît Marie-Christine Eudes, alors même que les démarches de prévention s’inscrivent dans le moyen terme. En prévoyance, le calcul d’un retour sur investissement s’avère plus simple, avec la baisse du nombre d’arrêts de travail. » Rehalto l’a bien compris, en proposant aux assureurs ses services d’aide au retour à l’emploi après une longue maladie (lire p. 23). V. L.

Auteur

  • Virginie Leblanc