Un programme de VAE collective démarre actuellement en Rhône-Alpes et en Auvergne, qui concerne les journalistes : ceux en CDI ayant une carte de presse, ceux rémunérés à la pige (à l’article) ne possédant pas de carte de presse, et certains correspondants locaux de presse (CLP) effectuant des travaux de même nature que ceux d’un journaliste, mais ne bénéficiant d’aucun des éléments de leur statut juridique et fiscal.

Intitulé Dream pour “Démarche de reconnaissance des acquis du métier de journaliste”, ce programme consiste à amener 30 personnes à un diplôme professionnel : un bachelor bimédia (bac + 3) inscrit au RNCP ; une licence professionnelle de journalisme de proximité ; et un master de journalisme reconnu par la profession. Les certificateurs sont respectivement établis à Lyon (ISCPA, groupe IGS), Clermont-Ferrand (université Blaise-Pascal) et Grenoble (école de journalisme de l’université Stendhal). Ils ont été sélectionnés pour leur pratique avérée de la VAE sur ce diplôme et/ou de l’existence d’un référentiel de compétences, en plus d’un programme pédagogique. Et se sont engagés à traiter les demandes de recevabilité dans un délai d’un mois.

Les 30 candidats retenus bénéficieront de l’accompagnement individuel de 10 à 12 heures assuré par l’établissement certificateur de leur choix, et surtout d’une assistance renforcée : 12 heures supplémentaires d’aide à la préparation des dossiers de recevabilité, six regroupements collectifs pour mutualiser les expériences (dont une préparation collective avant la présentation au jury), une mise en réseau au travers d’un groupe Facebook fermé et une aide à l’obtention de formations complémentaires éventuelles.

Le créateur et coordinateur du projet est Illya, une TPE lyonnaise de conseil et de formation aux médias créés par des journalistes. Son objectif est de « maintenir un haut niveau de motivation chez tous les candidats et de leur épargner les tracasseries administratives associées à une démarche de VAE », affirme Bruno Crozat, gérant d’Illya. À la fin mars, une vingtaine de demandes de journalistes de tous âges et de tous médias était enregistrée.

Le budget de Dream journaliste s’élève à 131 000 euros. Il couvre l’ingénierie de projet, son pilotage, la mobilisation des candidats, leur assistance renforcée, ainsi que les coûts d’inscription, de jury et d’accompagnement. Fait exceptionnel : la Direccte Rhône-Alpes et les directions de la formation des deux régions, Rhône-Alpes et Auvergne, ont accepté de soutenir le projet à hauteur de 50 % du budget, alors qu’elles réservent habituellement leurs financements aux dispositifs dédiés aux publics faiblement qualifiés, de niveaux V et IV. Seule la Direccte d’Auvergne n’a pas dérogé à sa règle.

L’Afdas (Opca de la culture, de la communication, des médias et des loisirs) financera les parcours des journalistes “cartés”. Ceux des “non-cartés” seront pris en charge, suivant les cas, par les régions, par Pôle emploi, ou bien encore par la fondation Varenne installée dans les locaux du groupe Centre France, à Clermont-Ferrand, qui, selon Illya, s’est dit prête à financer des bourses de formation pour trois pigistes ou correspondants de presse qui échapperaient aux dispositifs de droit commun.

La VAE de journaliste est rare : en 2013, l’Afdas n’en a financé que 29 sur 291 VAE tous secteurs confondus. 36 317 journalistes sont titulaires de la carte d’identité des journalistes professionnels (CCIJP) en 2014, dont plus de 25 % sont pigistes ou au chômage. Selon les derniers chiffres de l’Observatoire des métiers de la presse, seuls 17 % des journalistes cartés sont diplômés d’un des 14 cursus de formation initiale reconnus par la convention collective des journalistes.