logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

L’enquête

FORMATION : La VAE FORTIFIÉE PAR LA RÉFORME

L’enquête | publié le : 02.06.2015 | LAURENT GÉRARD

Image

FORMATION : La VAE FORTIFIÉE PAR LA RÉFORME

Crédit photo LAURENT GÉRARD

Les politiques de validation des acquis de l’expérience (VAE) pilotées collectivement par les entreprises pourraient connaître un regain d’intérêt. La VAE occupe en effet une place particulière dans la réforme de la formation professionnelle : son recours est affermi dans le compte personnel de formation comme dans l’entretien professionnel. Mais la qualité de l’accompagnement des salariés reste toujours la clé de la réussite.

La réforme de la formation professionnelle va-t-elle donner un nouvel élan à la validation des acquis de l’expérience (VAE), et notamment dans les cas de démarches collectives pilotées par les DRH ? La question se pose, car la VAE devient aujourd’hui un instrument des politiques de ressources humaines particulièrement mis en avant dans deux des nouveautés majeures de la réforme de la formation en cours : le compte personnel de formation (CPF) et l’entretien professionnel.

Les heures de CPF peuvent ainsi être utilisées pour accéder à certaines formations qualifiantes et certifiantes – figurant sur les fameuses listes spécifiques élaborées aux niveaux national, de branche et régional –, au socle de connaissances et de compétences, et également à « un accompagnement à la VAE ».

Par ailleurs, l’entretien professionnel doit faire, tous les six ans, un état des lieux récapitulatif du parcours professionnel du salarié. Il entraîne la rédaction d’un document dont une copie lui est remise, qui doit permettre de vérifier que ce dernier a bénéficié, au cours des six dernières années, des entretiens professionnels prévus et d’au moins deux des trois mesures suivantes : une action de formation ; une progression salariale ou professionnelle, ou « l’acquisition d’éléments de certification par la formation ou par une validation des acquis de son expérience ». Dans les entreprises d’au moins 50 salariés, lorsqu’un collaborateur n’aura pas bénéficié des entretiens prévus et d’au moins deux des trois mesures mentionnées, l’entreprise sera pénalisée et devra abonder son CPF.

FACTEUR DE SÉCURISATION ET D’ÉVOLUTION

Conclusion : « La loi du 5 mars 2014 promeut explicitement ce dispositif, non seulement comme l’une des voies vers la qualification et la certification, mais surtout comme un facteur de sécurisation et d’évolution professionnelle des actifs », assurent Isabelle Cartier, consultante spécialiste de la VAE, et Michèle Ouerd, conseillère en formation continue au Cafoc de Créteil, dans une étude réalisée pour le Garf, à paraître prochainement, et intitulée “Les démarches collectives de VAE : territoires, enjeux, pratiques et clés de réussite”.

D’ailleurs, les entreprises auxquelles il est fait référence dans ce dossier l’ont bien compris et ont mené des VAE collectives avant même le vote de la dernière loi.

UN EFFET D’ENTRAÎNEMENT

« Le processus de VAE collective s’inscrit dans le plan stratégique de professionnalisation que nous réactualisons chaque année », affirme Estelle Lambert, responsable du développement des RH à la cristallerie Baccarat. La démarche VAE donne aussi un effet de levier idéal pour « reconnaître le professionnalisme de salariés réticents aux études », constate Carole Recouvreur, directrice d’exploitation de l’établissement thermal Valvital de Bourbonne-les-Bains. À tel point qu’en cas de succès d’un premier groupe, un effet d’entraînement se crée : « Le bouche-à-oreille a été si favorable qu’une seconde session concernera à la fois des qualifications inférieures et supérieures », relate Nadine Heim, chargée du développement des compétences chez Schaeffler. Enfin, inédit dans ce secteur : en Rhône-Alpes et en Auvergne, une association de journalistes a créé un programme d’assistance à la VAE visant à amener vers un diplôme universitaire des confrères qui ne sont pas passés par une école spécialisée.

Reste que, dans tous les cas, « l’accompagnement des personnes en VAE est un point déterminant pour le succès de la démarche », comme l’affirment les auteurs de l’étude pour le Garf. Cet accompagnement couvre toujours la phase de rédaction du dossier de preuves (livret 2) et la préparation à la soutenance orale. En revanche, les étapes en amont de choix du diplôme, le positionnement du candidat et la préparation de la demande de recevabilité, bien qu’essentielles à la réussite, ne sont pas incluses dans l’accompagnement au sens de la loi de mars 2014 (cf. décret n° 2014-1354 du 12 novembre 2014 – Art. R. 6423-2 et 6423-3), et de ce fait, non financées sur le congé VAE ou le compte personnel de formation.

TASSEMENT DE LA DEMANDE

Pour nombre de spécialistes de la VAE, c’est là le point faible du nouveau dispositif, et un défaut qui explique en partie le constat du responsable régional d’une délégation académique à la validation des acquis de l’Éducation nationale, qui confirme chaque année les compétences de 700 à 800 salariés dans 150 spécialités : « Nous anticipions un regain d’intérêt pour la VAE et avons organisé une centaine de réunions sur ce thème dans les principales villes de notre région, mais nous constatons plutôt un tassement de la demande. L’incidence de la réforme semble encore mal connue, et tous les Opca ne sont pas prêts », regrette-t-il.

L. G.

PLUS DE 250 000 PERSONNES CERTIFIÉES EN DIX ANS

Entre 2002 et 2012, plus de 250 000 personnes ont été diplômées par la voie de la VAE, affirme la publication Dares Analyses n° 002 de janvier 2014, pour les neuf ministères certificateurs qui représentent l’essentiel des VAE : 75 % des diplômes obtenus concernent l’Éducation nationale et le ministère de la Santé et des Affaires Sociales. Le choix de la moitié des candidats se concentre sur seulement une dizaine de certifications ; 70 % d’entre eux visent un titre ou un diplôme de niveau baccalauréat ou CAP-BEP.

En 2012, environ 64000 dossiers de candidatures à un titre professionnel délivré par un certificateur public ont été jugés recevables. 48700 candidats se sont présentés devant un jury, et, parmi eux, environ 28700 ont obtenu une validation totale.

Ces chiffres sont en baisse par rapport à 2011, alors qu’ils avaient été stables entre 2010 et 2011. Les femmes (76 %) et les personnes en emploi (70 %) restent majoritaires parmi les candidats à des certifications publiques.

58 % des candidats obtiennent une validation totale à leur première présentation en jury. Ce taux est une moyenne nationale, toutes certifications confondues, qui ne dissocie pas les candidats accompagnés des autres, ce qui peut faire une grande différence au final.

En 2010, le rapport Besson évaluait à 6 millions d’individus le potentiel de candidatures à la VAE, soit 20 % de la population active.

Auteur

  • LAURENT GÉRARD