logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

L’enquête

UN PLAN POUR ASSOCIER LES SALARIÉS À LA REPRISE

L’enquête | publié le : 26.05.2015 | H. T.

Annoncée l’année dernière par le constructeur, l’augmentation de capital réservée aux salariés à l’échelle mondiale a convaincu plus de 15 000 collaborateurs, alors que l’entreprise était encore au creux de la vague.

PSA Peugeot Citroën n’est pas mécontent de son coup d’essai : plus de 15 280 collaborateurs ont participé à “Accelerate”, la toute première augmentation de capital réservée aux salariés du constructeur automobile. Objectif affiché ? Associer ces derniers au redressement de l’entreprise dans le cadre du plan “Back in the race” (sa feuille de route jusqu’en 2018).

« Nous avions demandé des efforts aux salariés, notamment par le biais d’un accord de compétitivité signé en 2013, souligne Nathalie de Montgolfier, Comp & Ben chez PSA. Nous voulions leur donner cette possibilité de profiter du retour aux bénéfices, démarche que nous avons d’ailleurs complétée par un nouvel accord sur la participation et l’intéressement conclu en janvier. »

Le moyen également de rehausser la part du capital détenue par les collaborateurs (via un fonds investi à 100 % en actions du groupe dans le PEE), qui avait mécaniquement baissé de 3,5 % à 2 % à la suite de l’augmentation de capital de 3 milliards d’euros ayant permis, l’année dernière, la prise de participation de l’État français et du chinois Dongfeng.

« Une telle opération permet aussi de se départir d’une logique franco-européenne pour embarquer un maximum de salariés. Et de susciter leur intérêt pour les enjeux stratégiques de l’entreprise », ajoute la responsable. Le plan a visé un peu moins de 100 000 collaborateurs dans 14 pays (à l’exclusion de la Russie et de l’Argentine, pour des raisons réglementaires).

Un projet de longue haleine, pour lequel le comité de pilotage, emmené par la DRH en étroite collaboration avec les directions financière, juridique et communication, s’est mis au travail dès le mois de mars 2014, pour une livraison des actions programmée fin janvier 2015 (la période de réservation ayant débuté le 31 octobre 2014). « Cela a nécessité beaucoup de ressources et de compétences internes et externes, à la hauteur de la variété des situations rencontrées, avec l’appui d’un ou deux interlocuteurs de la fonction RH par pays, un par site en France », commente Nathalie de Montgolfier.

Et l’opération n’était pas gagnée d’avance : « Nous partions avec un gros handicap, car à ce moment-là, l’action avait dévissé et il nous était difficile de convaincre les salariés que l’entreprise était sur le point de rebondir. » PSA a donc doublé son offre de souscription classique – avec décote de 20 % et abondement en actions (de 100 % sur les premiers 300 euros et de 25 % au-delà) – d’une formule sécurisée, sans décote mais abondée de la même façon, les collaborateurs pouvant mixer les deux formules.

« Avec cette offre que nous avons montée avec une banque, le salarié gagne au minimum l’abondement, en étant certain de ne rien perdre, car le cours de l’action est maintenu en cas de baisse », détaille-t-elle. Deux fonds communs de placement ont dû être créés pour l’occasion. L’un pour l’offre classique à l’international, l’autre, d’une durée de cinq ans, pour l’offre sécurisée. Les actions acquises en France via l’offre classique étant logées dans le FCPE groupe.

Pas si simple à expliquer aux collaborateurs, eux aussi confrontés à leur premier plan d’actionnariat salarié. « Outre la contrainte de la communication réglementaire, à traduire dans toutes les langues, il y avait pour nous un gros enjeu pédagogique. Afin d’éveiller l’attention, nous avons tenu compte des typologies de salariés et adapté notre discours en développant différents canaux de communication : brochures, réunions d’information avec les relais RH, etc. »

CONFIANCE DES COLLABORATEURS

Ces efforts d’ingénierie et de communication ont porté leurs fruits au-delà même des prévisions de l’entreprise, qui se voulait prudente : « 15 % de souscriptions pour un premier plan, c’est clairement une réussite », considère Anne Valleron, déléguée syndicale CFE-CGC et présidente du fonds épargne en action PSA des salariés. D’autant que les salariés concernés ont souscrit le double de l’offre, plafonnée à 3,5 millions d’actions. Nathalie de Montgolfier voit dans la formule sécurisée, « rassurante », l’une des clés du succès – elle a représenté 57 % des souscriptions. Un résultat qui, dit-elle, « traduit aussi la confiance des collaborateurs dans l’entreprise ». Mais qui a, du coup, nécessité une nouvelle communication visant à expliquer le système d’écrêtement des souscriptions individuelles pour revenir à l’enveloppe initiale.

La part du capital détenue par les salariés est remontée à 2,5 %, et l’opération s’annonce prometteuse, le cours de l’action étant passé de 10 euros fin janvier à 17 euros à la mi-mai. L’entreprise ne se prononce pas sur un nouveau plan. Mais Anne Valleron, elle, espère bien que PSA poursuivra dans cette voie.

REPÈRES

Activités

Constructeur automobile.

Effectif 2014

189 800 salariés.

Chiffre d’affaires 2014

53,6 milliards d’euros.

Auteur

  • H. T.