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Les livres

« L’Empowerment, une pratique émancipatrice »

Les livres | publié le : 19.05.2015 | Pauline Rabilloux

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« L’Empowerment, une pratique émancipatrice »

Crédit photo Pauline Rabilloux

UNE NOTION à se réapproprier

Marie-Hélène Bacqué et Carole Biewener La Découverte, 160 pages, 8,50 euros

Depuis les années 1980 aux États-Unis et en Grande-Bretagne d’abord puis dans le reste des pays développés, le management des entreprises privées a exporté ses méthodes vers l’entreprise publique, le fonctionnement de l’État et même la conception de la vie privée. C’est par une démarche exactement inverse que le concept d’empowerment s’est frayé, à peu près dans le même temps, un chemin du politique au management, avec cependant un retournement de sens dans ce changement de registre.

Issu d’une logique contestataire en grande partie féministe des années 1970, le terme d’empowerment était utilisé pour réclamer, en faveur des groupes opprimés, un pouvoir et une autonomie leur permettant d’échapper aux dominations de classe et de sexe. Dans le contexte néolibéral actuel, il revient, au contraire, à faire reposer l’autonomie de destin sur le seul individu ou sur de petits groupes de personnes, responsables de leur mauvais sort. L’État n’a donc à réparer aucune injustice à leur égard, puisque ce sont les victimes qui sont à incriminer.

Les auteures, respectivement professeures d’études urbaines et d’économie, décrivent la récupération par le néolibéralisme d’une notion revendicative et, comme telle, inscrite à l’origine dans une dynamique contestataire, tout enW militant pour que soit maintenu, à côté du sens récupéré, un sens critique de la notion d’empowerment permettant aux individus de revendiquer une légitimité d’initiatives dans la transformation des conditions sociales auxquelles ils sont soumis.

Auteur

  • Pauline Rabilloux