Les entreprises qui s’engagent à embaucher des seniors dans leur accord relatif au contrat de génération sont rares, surtout lorsque leur pyramide des âges est vieillissante. C’est pourtant le cas du groupe Guisnel, une PME d’origine bretonne qui compte 730 salariés, dont le cœur de métier est le transport de meubles.

Par cet accord, signé en septembre 2013 par FO et la CFDT (les deux syndicats de l’entreprise), le groupe s’est engagé à maintenir à 15 % la part des salariés de plus de 50 ans dans l’effectif total du groupe et à porter à 3 % la part des embauches sur cette tranche d’âge.

Durant la première année d’application – du 1^eroctobre 2013 au 30 septembre 2014 –, les seniors ont même représenté 5,12 % de l’ensemble des recrutements en CDI (dont l’entreprise ne souhaite cependant pas communiquer le total). Le responsable de l’agence de Saint-Priest (69), par exemple, a signé son contrat à 54 ans. « Recruter des seniors fait partie du rôle social de l’entreprise, soutient Marie Labarre, responsable recrutement et formation du groupe Guisnel. Nous étudions les candidatures sans discrimination d’âge ni de sexe. »

Autre élément clé de la politique RH du groupe : le soin porté au tutorat. Celui-ci n’est pas réservé aux plus de 50 ans, mais il est ouvert à l’ensemble des salariés expérimentés et volontaires. Pratiqué de longue date, il a été davantage formalisé dans l’accord sur le contrat de génération. Le texte prévoit de réserver 30 % des recrutements aux jeunes, afin de porter cette population à 12 % de l’effectif salarié en CDI – un objectif atteint dès la première année –, en veillant à leur bonne intégration.

Réservé auparavant aux seuls contrats de professionnalisation, le tutorat concerne maintenant tout nouvel embauché, et chaque « accompagnant » bénéficie d’une formation de 14 heures pour mener à bien sa mission. À cet effet, son activité est aménagée. Il n’est, de fait, pas soumis à la productivité attendue habituellement dans son poste. Une prime de tutorat est également prévue. Suite aux remontées de certains tuteurs, qui se sentaient mal à l’aise quant aux compétences nécessaires à l’exercice de cette fonction (orthographe, mathématiques…), l’entreprise propose en outre à ceux qui le souhaitent une formation de 120 heures aux savoirs de base.

En dehors du contrat de génération, la politique d’intégration passe aussi par la mise en place d’un réseau de formateurs du personnel roulant. Une fonction actuellement exercée à plein temps par sept salariés, dont deux ont plus de 50 ans. Ils sont chargés d’accompagner la personne recrutée pendant sa période d’essai, de contrôler ses aptitudes à la conduite et de la former aux gestes de livraison.

Le groupe s’efforce par ailleurs de limiter la pénibilité de ses principaux métiers que sont ceux de conducteur-livreur et d’agent de quai (personne assurant le chargement et le déchargement des camions). Le CHSCT et des comités de travail ad hoc planchent régulièrement sur la mise en place de dispositifs d’aide à la manutention manuelle. Et, à partir de 50 ans, la visite médicale des salariés est annuelle.

Les conducteurs peuvent, du reste, demander une réduction de leur secteur géographique (passer de l’international au national, par exemple) ou un aménagement des tournées (livrer en entreprise plutôt que chez des particuliers). Des reclassements peuvent également être envisagés chez Guisnel Location, une entreprise du groupe spécialisée dans la location de véhicules industriels, où l’activité est moins physique que dans le transport de meubles. « Dans la mesure où c’est économiquement possible, il y a toujours une solution. La taille humaine du groupe favorise aussi cette souplesse », reconnaît Marie Labarre. À noter que Guisnel a décroché, en septembre dernier, le trophée Contrat de génération 2014 du ministère du Travail, dans la catégorie des entreprises de 300 à 999 salariés.