Le travail des femmes a longtemps été considéré comme une activité d’appoint. Dans l’univers viril de l’industrie, les femmes ont été doublement pénalisées : elles effectuaient un travail moins rémunéré que celui de leurs collègues masculins et elles étaient supposées céder le pas aux hommes au plan syndical, leur laissant le monopole de la parole revendicative. Elles étaient dominées tant du point de vue du genre que de la classe sociale, les mécanismes producteurs de cette double domination s’enchevêtrant. Les luttes des années 1970 aux années 2000 dans des usines où une part importante de la main-d’œuvre était féminine ont bousculé cette double domination. De la maternité perçue comme un handicap justifiant une sous-qualification du travail féminin au congé parental, de nombreuses luttes de femmes sont passées par là. Sans d’ailleurs que la question de l’égalité professionnelle hommes-femmes soit close aujourd’hui, en témoigne la persistance du plafond de verre.

L’auteure, maître de conférences à l’université Paris-Est-Créteil, explique le cheminement parfois paradoxal des luttes contre cette double domination. Jeu de ping-pong entre les intérêts économiques des entreprises réticentes à rémunérer et à promouvoir de manière égale les hommes et les femmes – supposées moins productives – et le combat des femmes luttant tour à tour pour la prise en compte des “spécificités” féminines liées à la maternité, ou pour l’égalité. La richesse de l’ouvrage consiste notamment à mettre en évidence le lien intime entre les problématiques sociales et les problématiques professionnelles.